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La plume d'or d'Eléonore


Joailes

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Igor travaillait à la jardinerie d'un petit patelin au nom en italique qu'il n'avait jamais quitté, depuis plus de dix ans.

Il adorait son métier et avait un faible pour les plantes carnivores, chaque mois il en ramenait une chez lui qu'il plantait dans son petit jardin et le dimanche il aimait à se reposer dans son petit éden en oubliant ses peines.

Il avait une grande maison et beaucoup de lampions. 

Mais voilà Igor est mort ; on ne sait pas trop comment car on n'a jamais retrouvé son corps ou du moins, pas vraiment.

 

Eléonore avait déjà vécu plusieurs vies, dont une dans un archipel des Comores où elle cherchait des amphores et des trésors.

Elle avait décidé d'un commun accord avec elle-même, et puis peut-être avec Igor, de cesser ses voyages, de ranger ses valises une fois pour toutes et de quitter la route.

Avec ses économies, elle acheta la grande maison d'Igor et ses lampions, des graines de nepenthes, de drosera et même de pinguicula.

Elle en sema partout dans le jardin, s'assura qu'elle n'avait pas de voisin, adopta un chien, fit venir l'eau courante et l'encre débordante. 

Et puis Eléonore commença à écrire, un soir de juin sous la tonnelle bleue avec pour tout décor ses plantes carnivores ; elle était si concentrée qu'elle n'entendit pas le chien gronder.

Sa plume partit au pas sur le papier ramené d'une lointaine contrée, puis au trot, puis au galop …

Alors, distraite un instant, Eléonore vit les plantes carnivores gueules grandes ouvertes en train d'avaler la maison d'Igor, le chien et puis tout un tas d'insectes peu farouches qui sifflaient comme des mouches dans des musiques de manouches.

Il y avait toujours un cerf-volant, immense, bleu et blanc qui se dispersait en nuages

et prenait l'avantage pour faire parler les cadrans solaires qui sentaient l'ambre et l'orange amère et puis un oiseau aux ailes si fragiles qu'on l'eût dit d'eau ... 

Quelle heure est-il ?

Elle se pinça enfin, sourit, sa sieste était finie.

Eléonore travaille à la jardinerie d'un patelin où les distractions sont rares, même le samedi soir elle ronge un peu son frein mais ses rêves l'emmènent loin, parfois ce sont des cauchemars mais nul n'en sait rien.

Elle a toujours le sourire et, le soir, dans son jardin, elle écrit, la truffe de son chien posée sur sa main.

Igor revient avec son arrosoir et son sourire de pèlerin et la plume d'Eléonore, d'acier, grise, d'encre, noire, d'eau, de miroir, devient d'or …

(joailes – juin 2022)

 

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