Partager Posté(e) 23 août 2021 Ou le sommeil immuable d’un futur inimaginable... Je n’ai rien vu des villes qui s’ébrouent dès l’aurore Les rubans taciturnes qui s’étendent fébriles Par ces rues dévastées qui s’envolent et retombent Dans le souffle des pas où tout semble perdu Et les gorges avides des égouts s’extasient Charriant des rivières diurnes la fange luxuriante Sur les ponts et les cimes tout fuit l’orage gras Les quais sevrés d’écume s’épanchent dans le vide Exhalant le substrat en une œuvre spectrale Libres d’empuantir les falaises élimées Je n’ai rien vu des villes parsemées de basalte Mâchoires souterraines imposantes aux abois Se liant au flamboyant étendard de la foule Tourbillon désoeuvré dans le coeur du beffroi Où s’échoue la sanie jusqu’au fond des usines Et les cernes de pluie filtrant l’immense plaie Saigneront de leurs larmes le plâtras de nos ruines Sur la scène branlante de cités avilies Cheminées ionisantes sur un lit de pistils Qui ne s’éveilleront plus aux abords du levant Il n’est point de lumières ni de nuits plus paisibles Que la mort en ces plaines laconiques et fumeuses Inoculant la fièvre sur la scène défunte Au firmament des voies parcourues de béances Les corps entiers pulsant au milieu des ravines D’une ogresse machine broyant les vies de nues Et les plaintes ignobles des squelettes de brume Aspergeant de leur bile des matins pernicieux Aux moignons rouges et mornes de moellons et de naphte Emprisonnent les chairs dans le froid des ténèbres Qu’ai-je donc vu au fond si ce n’est la laideur Les tombeaux d’absolu sur les monts recouverts Les bataillons maudits de hérauts éphémères Happés par le déclin de voilures insondables Mêlant l’effondrement aux cithares des aèdes Les briques enchevêtrées martelées jusqu’au ciel Dans le trop plein d’asphalte sur les franges de l’aube Les focales surannées en divisions de blocs Lanternes opacifiantes parcourues d’immondices Sur des chemins de plomb englués de sommeil Je n’ai rien vu des villes et pourtant je suis las Des ombres continuelles qui s’échinent haletantes Dans les rêves sanglants des entrailles au lithium Et le cœur des machines qui pourrissent les veines Tressent des échancrures parées de silicium Sous la voûte étoilée d’une lune sans trêve Qui s’étale à l’envie et d’ennui se morfond Au rythme d’un pendule échoué sur la grève Somnium qu’as-tu fait Tu as vaincu les peurs Et les cris des enfants qui mordaient la poussière Banni l’adversité, aboli les douleurs Façonné les esprits d’une glue nourricière Demain ne sera plus qu’une vague silhouette Un murmure dans la nuit insondable et puissante Une brève spectrale aux abords de l’abîme S’éteignant dans le songe immuable des jours Le vide enseveli sous des monts de silence 9 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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