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Mon pote Raoul *


Joailes

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*astérisque et périls : *

* Toute ressemblance avec quelque personne que ce soit, existant ou ayant existé, aperçu à la télé ou sur Internet, s'appelant Raoul ou Didier et étant carrément mon héros serait absolument purement fortuite et de l'ordre de la coïncidence et du hasard.

 

 

 

Lors d'un voyage en Afrique, avec un pote, Raoul, un moustique infecté eut le toupet de le piquer, sans rien dire, avant ou après.

(Qui infecta l'autre ?)

Heureusement, il était très savant. (Raoul, pas le moustique.)

Tandis que je mettais de l'eau à bouillir pour préparer mes fameuses pâtes à la sauce bolognaise, Raoul sortit des sels de sa trousse à pharmacie.

J'en jetai quelques uns dans la marmite.

-"Attention, me dit Raoul, n'exagère pas ! 

Il ne faut pas en mettre plus que la dose prescrite, sinon ça devient toxique !"

(Non mais !  Il n'allait pas me donner des leçons de cuisine, moi qui avais gagné plusieurs fois les concours des meilleures sauces à Souris-ès-cobayes.)

Je savais qu'il était un peu bizarre, aussi je n'écoutais pas ses pieds à la lettre. 

Finalement, je jetai l'eau des pâtes dans une bassine. 

 

Il s'était endormi, à l'ombre d'un palétuvier, la main droite sur sa barbe, ce qui, chez lui, dénotait d'une profonde réflexion.

Je le regardai dans son sommeil agité, en essayant de capter des bribes de ses discours oniriques ; le moustique -mais peut-être était-ce une mouche ?- qui l'avait piqué était en train de siffloter dans sa trousse en hermine, pleine de flacons de chloroquine.

Je remis la marmite sur le feu, avec du sel de Guérande.

Je préparai une sauce dont vous m'auriez dit des nouvelles, si seulement vous l'aviez goûtée.

Lorsqu'il s'éveilla enfin, Raoul avait faim.

Il me traita de coquine.

- Voici mes pâtes en sauce chloroquine, lui dis-je, amusée.

J'ai bien vu que je lui avais coupé l'appétit.

Il ne daigna goûter à rien, prétextant un problème intestinal.

 

Un jour, quelques mois plus tard après cette aventure, je le retrouvai lors d'une soirée de mises en bouches, du Rhône, bien entendu.

Il y avait un concours qui récompensait la meilleure entrée.

J'avais préparé un tian à s'en lécher les babines, aux aubergines, en sauce chloroquine.

Il me traita encore de coquine, mais refusa de faire partie du jury.

Ceci me chagrine, mon plat fut interdit dans les cantines.

Pourtant, c'était un délice, parfumé aux herbes de mes collines.

On en parla dans les magazines, et quand le fumet arriva à ses narines, Raoul fut le premier à le recommander à tous, mais je dus changer le nom de ma sauce.

C'était la clause sine qua non.

Je l'appelai sauce olivine, et j'obtins un prix.

(D'aucuns, méfiants, l'avaient fait goûter à des souris et comme elles se léchaient les moustaches, on en conclut que mon entrée était délicieuse et sans danger.)

 

Mon tian d'aubergines sauce vaseline glissait tout seul, disait-on, dans les milieux où l'on vaccine, où l'on étudie la quinine.

Les savants, les scientifiques ne savent pas faire la cuisine, c'est bien connu ; ils ont souvent la nausée et il est très difficile de leur faire avaler n'importe quoi. 

Raoul m'envoya gentiment une berline et nous dinâmes en tête à tête.

Après quelques chopines, il m'avoua que la chloroquine avait un drôle de goût, sauf en cas de famine quand on se roule dans la farine.

Sacré Raoul, au fond il était comme moi ; il aimait bien les histoires drôles et, comme tous les rêveurs qu'on assassine, les mandarines et les ombres de Chine.

Il n'avait pas très bonne mine, sans être mesquine, je me questionnai  quelque peu : comment parler d'une chose sans l'avoir goûtée ?

Je ne suis pas rancunière, je lui fis quelques tartines, très fines, avec un chouia de végétaline, saupoudrées de chloroquine.

Mais il les dédaigna et sortit de son sac quelques tranches de ballotine, dénoua ses bottines, et me dit :

- Raconte-moi une histoire, coquine …

Je mis ma capeline, chaussai mes ballerines et lui chantai une comptine.

Il était presque beau, et si cool, Raoul, quand il dormait.

Je lui laissai une chocolatine, sachant qu'il ne la mangerait pas ; et je pris la micheline.

Je repartis dans ma cuisine au cœur des collines, l'âme libertine, et pour éliminer les toxines, jouai de la mandoline.

Je ne revis jamais Raoul.

Mais j'ai entendu dire qu'il avait une officine, une villa avec piscine et que, quand il pêche des sardines, il dit que c'est des loubines.

Ah la la, ces marseillais !

La Bonne Mère les câline et leur pardonne leur médecine !

Mon histoire se termine, même si elle ne paye pas de mine, j'ai chanté la capucine,  et je m'offre un verre de "Clos Roquine" à vot'bonne santé, m'sieurs-dames ... 

(et un petit clin d'oeil à celui qui m'a inspirée cette histoire 😉 ) 

 

 

(J.E. Août 2020)

 

clos roq.jpg

Modifié par Joailes
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