Partager Posté(e) 31 mai Je remercie la pluie qui salit mes carreaux le sourire de la crémière aux moustaches blanches la caresse du boucher sur l'épaule d'agneau, le pêcheur qui s'épanche pour les yeux d'une tanche ; le vent qui balaie mes vieux souvenirs et les grappes de glycine mortes sur le tapis, les fleurs en général aux parfums de désir et la concierge toujours en bigoudis. (pause) Je remercie le père de toutes ses absences la mère brune et blonde comme une Pompadour la fille de l'air long-courrier en cure de jouvence qui espère bien vivre encor d'eau fraîche et d'amour ; les fruits mûrs qui attendent des bouches sur les sentiers déserts où pousse l'ortie le chant des insectes et le vol des mouches la leçon non apprise et le devoir accompli. (pause) Je remercie le chien qui me donne sa patte et le voisin qui joue d'un instrument à vent les queues de cheval, les chignons et les nattes le parfum de la terre, celui de l'encens, la nuit égarée dans sa petite robe à fleurs, le chant du rossignol sur la margelle du puits où s'alanguissent d'autres musiciens amateurs et tous les nains de jardin en prière accroupis. (pause) Je remercie les coups de savate et les babouches d'or tombées du ciel les boiteux, les culs de jatte toutes les flèches de Guillaume Tell ; les lumières de Las Vegas la clarté des bidonvilles la splendeur de l'Atlas et la puanteur des villes. (pause) Je remercie l'encre et la plume le bourreau, l'église et le lupanar le coup de marteau et l'enclume, la mer, les bougies, et puis les phares. Et surtout, car je ne suis pas ingrate, je remercie ceux qui lisent mes délires nus, en slip kangourou ou en costume cravate derrière l'écran, aux virtuels sourires ! (allegro) (joailes – 31 mai 2023) 10 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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