Aux mâtines (A mon père)

[Thierry Demercastel]

Aux mâtines  (A mon père)

 

C’est mai revenu et l’absence se ravive

Dans les pas de l’oublieuse enfance

Rejaillissent les souvenirs en errance

Sous des ciels penchés aux nues lascives

 

Des renouveaux s’agenouillent en mille choses

Et l’horloge des mâtines ne s’est pas tue

Le soir décent chargé de nos songes émus

Et tu me viens et c’est hier qui se pose

 

Là-bas en ta campagne si verte si loin

Où je ne puis venir m’asseoir auprès de toi

C’est un peu de nous soudain que je revois

Et mon cœur qui s’en vient n’est plus orphelin

 

Joli mois de mai ô mes roses endeuillées

En ta si vaste clarté sous tes matins

J’ai marché silencieux en ton jardin

Une larme revenue comme perle de rosée

 

Souriez mes roses à ce si grand voyage

A ce vent courageux soufflant sur les plaines

Au vague murmure du temps de ses peines

Souriez mes roses à son souffle trop sage

 

 

A mon père