Qui ne fut jeune et commît de bêtises ?

Tous, nous le savons bien, étant passés par là,

Puis nous évoluons, passant par plusieurs crises.

Rien d’étonnant à ce récit, voilà !

Lan, le voici nommé pour éviter l’attente,

Était dans son jeune âge, et même encore enfant

Puisque même son âme était d’humeur changeante :

Tiens, le voici garçon ; tiens, le voici parent !

L’on dit à son sujet les rumeurs les plus folles

Qui prouvent justement qu’à changer il aimait.

Il n’est point question d’évoquer ces paroles

Mais son comportement qui le compromettait

Chez quelques bonnes gens du meilleur des Empires.

La saison la plus froide allait sur son chemin ?

Lan s’habillait léger, laissant aller les dires.

La saison la plus chaude arrivait dans le coin ?

Lan s’habillait beaucoup, laissant aller les rires.

Ses chausses n’étaient mieux et n’allaient point par deux :

Le matin, le pied droit, pour laisser les satires

Exprimer leur venin dont il n’était honteux ;

L’aprème, le pied gauche, et cette fois les sages

Venimaient encor plus mais il s’en moquait bien.

Car quel crachat parvient au plus beau des ramages ?

Oui, Lan avait du cœur : cela, ce n’est point rien.

Il était mendiant mais sous une autre forme

(Eh, que peut-on prévoir d’un tel égarement ?)

Et donc, bien entendu, ne recherchait la norme :

Il marchait dans la ville et laissait son argent

En chaîne, à sa ceinture, ébruiter la rue,

Amusant le gamin, mécontentant l’agent.

Tel était ainsi Lan qui vola sur sa grue

Pour disparaître au ciel et s’en faire régent :

De nos Huit Immortels, ne fit-il pas partie ?

Certains, je les entends, de son âge diront

Que sans doute il n’avait gagné de modestie

Mais c’est confondre là le laid et le girond :

Qui dit que la jeunesse attend nombre d’années

Pour se faire valoir du meilleur des états ?

Des âmes se font voir, depuis trop longtemps nées,

Et qu’ont-elles donné sinon des reliquats ?

Lan avait son panier de fleurs toujours aimables,

Distribuant autant longue vie et bonheur

A ceux dont il savait qu’ils étaient charitables :

N’avez-vous sous les yeux la plus belle valeur ?

Bien sûr Lan conserva de sa bizarrerie :

L’argent dont on parlait, il pouvait le donner

Ou bien le dépenser dans une beuverie…

Eh quoi ! On ne peut donc plus quelques fois fredonner ?

Ce jeune Lan, vous ne savez son âge,

Mais suivez son exemple en restant enfantin

Même si du vieillard vous en avez l’image :

C’est qu’il faut rire et qu’importe le teint !

Belle leçon de vie , pleine d'humour et de poésie. Les contrastes sont forts et le ton est à la fois léger et réfléchi. Lan est attachant et nous invite à rester curieux, généreux et un peu enfantin, malgré l'âge, c'est une idée qui me plaît beaucoup, moi qui rêve souvent comme rêvent les enfants.

Un conte fort séduisant et superbement narré !

Une fable sagace également, voilà de quoi plaire à beaucoup !

Un conte d’Extrême-Orient réjouissant et plein de sagesse confucéenne.

Le 31/10/2025 à 13:44, Nils Exo a écrit :

Tel était ainsi Lan qui vola sur sa grue

Pour disparaître au ciel et s’en faire régent :

De nos Huit Immortels, ne fit-il pas partie ?

Il faut également saluer la vivacité et la qualité des vers.

Un conte qui fait réfléchir, même s'il paraît léger au premier abord.

Merci pour vos commentaires, @Vol Au Vent, @Alba, @Jeep, @Jean Luc.

J'avoue que, parmi les Huit Immortels, Lan est mon préféré : incongru, virevoltant, toujours changeant, il dénote vraiment.