Quand l’ombre du printemps est d’un ennui sans fleur,

Il me plaît de compter du sable la mesure

Et chaque grain s’envole au gré du vent qui dure,

Dune d’éternité que je saisis sans peur.

 

Quand j’épuise à l’envi l’été de ma valeur,

Où cent gouttes de pluie enflent la démesure

D’un fleuve qui s’écoule et dont j’aime l’usure,

Ce sont mes destinés qui vont à leur meilleur.

 

Quand je me chauffe encore à l’horloge automnale,

Chaque aiguille pourtant n’a rien de marginale

Car toute nuit qui vient m’enlève leur chaleur.

 

Et désormais l’hiver, doux compagnon avare,

Me saisit à son faîte et des autres déclare

Que j’ai perdu mon temps à contempler le leur.

Belle méditation poétique qui traverse les saisons !

Subtile syntaxe, fine réflexion sur le temps. L'ensemble est très séduisant à lire et ne manque pas de profondeur.

J'ai aimé vos métaphores, @Nils Exo Belle réflexion sur le temps...

Le dernier vers est magistral et dense.

Un poème riche de sens et très mélancolique :que reste t-il d'une vie passée à observer sans agir ?

Il y a 12 heures, Sophie a écrit :

J'ai aimé vos métaphores, @Nils Exo Belle réflexion sur le temps...

Le dernier vers est magistral et dense.

Le dernier vers laisse un goût amer.

Votre poème est très réussi!

Pour tout il existe une saison, un temps pour aimer et un temps pour la solitude , un temps pour se construire et un temps pour lâcher prise.

Voilà un défilé des saisons plein de lucidité !

Quelle mélancolie souveraine !

Le poète, en comptable de l'éphémère, mesure le sable et les gouttes de pluie comme d'autres comptent leurs regrets.

Les saisons défilent en autant de deuils consentis : le printemps sans fleur, l'été qui s'écoule, l'automne qui refroidit les aiguilles du temps.

Mais c'est dans l'aveu final, terrible et doux, que réside le sublime : cette confession d'avoir " perdu son temps à contempler le leur". Un renoncement lyrique, où la contemplation se révèle être la plus profonde des passions, et la plus vaine. La beauté du poème tient toute entière dans ce soupir ...

On sent ici que le poète ne se plaint pas vraiment du temps qui passe : il le contemple, il l’accompagne. C’est un texte apaisé en somme et cela fait du bien à lire.