Me revoilà dans le boudoir, j'ai fini ma journée, c'est mon heure préférée.

Odile est repartie dans les méandres de la tuyauterie et Jacques Ouzi a fait la fête hier soir, il a joué du clavecin jusque tard dans la nuit.

Par une note sur sa porte, il a demandé à Marc Assain de ne plus lui apporter de mammifères ni de poissons, et je me suis dit que c'était bête pour un vendredi mais bon, je sais qu'on ne choisit pas l'heure du choix.

Marc Assain c'est le locataire du premier étage ; c'est vrai qu'il est très poilu et d'abord un peu rude, mais quand on le connaît bien, on ne peut que l'apprécier : il aime à rendre service et est assez discret.

Je lui ai quand même tiré les vers du nez, c'est mon métier.

Il a vécu longtemps dans une forêt qu'il a dû fuir à cause des chasseurs, pour ne pas finir en pâté.

Il apprécie particulièrement ma tourte aux glands et me voue une fidélité à toute épreuve.

J'en veux pour preuve, la fois où j'ai glissé dans l'escalier, il m'a fait faire deux tours d'ascenseur jusqu'au septième ciel.

Il faut vous dire que nous avons l'interdiction formelle de recevoir des invités dans nos appartements, sous peine d'être viré avec perte et fracas.

Mais nous avons une grande pièce au rez-de-chaussée à côté de mon immense loge, où l'on peut tout à fait passer du temps ensemble, parler de tout et de rien.

Sylvain Etiray, il faut le savoir, est un boute-en-train, et incollable sur la culture du raisin.

Le mercredi nous faisons une surprise partie, chaque locataire est présent ; c'est pratique car quand on a abusé de la bonne chère et du Plavac Mali, on est sur place pour aller au lit.

A part ces deux-là, il y a la Comtesse de Bécu qui a beaucoup vécu, Clémence Dutribunal, qui fabrique des bracelets en peau d'anguille, Henri Gole, merveilleux conteur d'histoires drôles et enfin Yvan Dumuguet qui ne sort qu'au mois de mai.

Autant vous dire que pour la fête des voisins, on s'est vraiment donné du mal pour la soirée.

Marc, Sylvain, Albertine, Clémence, Henri et Yvan avaient tout préparé et j'ai bien vu, dans le miroir sans tain, que Jacques Ouzi avait posé son clavecin et avait bien envie de nous rejoindre, il a fini par s'attacher à une chaise pour être sûr de ne pas succomber à la tentation.

Il avait accroché une pancarte à sa porte « ne pas déranger » aussi je n'ai pas osé.

Plus tard, dans la soirée, alors que nous étions tous bien éméchés, il nous a semblé entendre un bruit étrange dans le robinet, mais Odile ne s'est pas montrée.

J'eus envie de laisser tomber cette histoire, quand dans mon boudoir j'ai entendu Jacques pleurer.

Il était très tard, la fête était finie.

Mûe par une pulsion, j'ai glissé sous sa porte un petit mot bien écrit viens me rejoindre dans le jacuzzi …

Et c'est ainsi que j'ai bâclé mon histoire, bien après minuit et que Jacques est devenu mon mari.

D'un commun accord, on s'est promis que cela ne changerait rien ; la vie a continué tout pareil, les locataires dorment sur leurs deux oreilles et nous sur nos beaux coussins de soie et de satin.

Je sais que j'ai beaucoup de chance ; quand je m'éveille le matin, mon perroquet répare mes absences et grâce à lui je garde la cadence : j'écris !

La vie n'est pas toujours aussi drôle que je le dis, sauf si on a un jaccuzi !

Alors, tout est permis et si en plus, on a un bon lit, autant aller rêver comme c'est pas permis.

L'immeuble s'est agrandi et on a deux appartements à louer … si le cœur vous en dit, vous pouvez postuler !

Il y a quelques contraintes mais sur la porte peinte de l'entrée, il y a un gros bouquet de térébinthes ...

(joailes -) 22 mai 2025 à 22h 35

Fantaisie au balcon !

Les noms des joyeux invités valent le détour !

Amusante comptine. Distillée savamment.

Il y a 16 heures, Joailes a écrit :

Autant vous dire que pour la fête des voisins, on s'est vraiment donné du mal pour la soirée.

J y suis passée c'était hier. Très convivial !

J'y ai croisé la belle Anne Hatomy qui s'est foutue à poil en dansant sur une table

mon Douglas Alamenth en est resté sur le derrière , qu il avait encore tout endolori de sa chute dans mes escaliers !

Thérèse... Onnable? Non, pas du tout. Mais qu'est-ce qu'on s'amuse. Surprise partie chaque épisode.

L'interdiction de recevoir me plaît, moi misanthrope confit né. M'intéresse, cet immeuble!

J’ai adoré cette concierge !

Jean-Pierre Mémo.

Le 24/05/2025 à 15:15, Diane a écrit :

J y suis passée c'était hier. Très convivial !

J'y ai croisé la belle Anne Hatomy qui s'est foutue à poil en dansant sur une table

mon Douglas Alamenth en est resté sur le derrière , qu il avait encore tout endolori de sa chute dans mes escaliers !

Et l'after !

Oh la la !

Jean Dipaplusse

Je vous remercie tous @Alba @Errances @Diane @Thy Jeanin et @Jeep d'avoir fait comme si de rien n'était : j'étais partie sur une longue histoire, avec plein de locataires extraordinaires et puis soudain je me suis ennuyée dans mon propre texte et j'ai (mais vous l'aurez remarqué ..? ) abrégé pour passer à autre chose. Décidément, les suites qui n'en finissent plus sont rares chez moi ! Il est difficile de ne pas perdre le fil quand on écrit au petit bonheur, selon l'inspiration du jour. (du soir, en l'occurrence) Thérèse est partie avec Alain Connu et a quitté l'immeuble, je crois qu'elle n'écrit plus.