Posté(e) mercredi à 18:37 L’esse pendue prête à crocher son sort hasardeux, il avait tracé sur la glace deux demi-cercles soigneusement reliés et creusait maintenant un cercle de sa bouche surprise par le déchirement subit de la coque de son navire. Il ne lui restait qu’à renouveler la première et l’appel pouvait être lu de n’importe quel aéroplane ou aperçu par un capitaine de navire d’un coup de jumelles. Le naufragé attendit. Un temps passa. Suivi d’un ange. Et d’un condor. (Que faisait-il là, celui-là ?) Puis c’est l’envie qui lui passa. De courir les mers du monde. Surtout l’Arctique. Au bout de son voyage, ce passant qui croit suivre un cap n’est plus le même qu’à son départ, lorsqu’il attendait d’embarquer, ses valises bourrées d’espoir. Il était passé très vite de mousse à capitaine et d’écume en marbrure, s’était promis de s’auto-promouvoir amiral. Mais à quoi bon : seul à bord ! C’est pourquoi il attendit chaudement le passage des sirènes. Ça lui faisait chaud au ventre d’y penser. Il en oubliait sa fin. Mais rien ne retentissait dans la brume. Il lui prit de fantasmer un enlèvement cosmogonique engendré par une vie extraterrestre. Mais les aliens devaient être trop occupés ailleurs pour s’intéresser à lui. Alors, telle la vague absolue, il se résolut et abandonna sa barque aux dérives des glaces. Nul n’avait perçu son S.O.S. ! On le retrouva nanisé dans une bouteille. Des branchies lui avaient poussé. Quand il était las de son aquarium sous-marin, il le quittait pour un nouveau contenant, coquille ou que sais-je, dormait dans la chevelure des algues ou se faisait plancton planqué dans les branches du corail. Il voulait tout à fait disparaître et c’est un poisson-lune, le gobant au passage, qui lui permit de refaire ses valises pour un nouveau voyage. Il flotte maintenant à jamais au tissu subastral d’un substantiel substantif dont tout enfant s’émerveille – présent dans les abysses de nos rêves.
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