Je voulais m'en aller, exercer sur moi-même 

La violence fasciste : abattre un innocent 

Pour cela seulement qu'il est un décadent, 

Rejoindre ce faisant l'idéal que l'on aime. 

 

Je voulais me jeter depuis le pont du Diable, 

Comme Nietzsche, ne le fis pas. Je relisais

Cent fois le Feu follet - que je trouve admirable - 

Pour y trouver le goût du mal que l'on se fait 

 

A soi-même, lorsque l'on n'a pas de talent. 

Je voulais accélérer le rythme naturel 

Car la nature est belle, mais va lentement, 

 

Et me nourrissais, plutôt que de tes prunelles, 

De pensées à-vomir, dirigées contre moi 

Et moi seul. J'allais fort mal, en somme, avant toi.

Drieu la Rochelle, auteur brillant de Feu Follet,  personnage complexe et controversé.

Modifié 13 février13 févr. par Jeep

Bouleversant poème sur l'autodestruction et le combat intérieur face à soi-même. Le ton est dur, et la lueur d'apaisement final rassurante. Une lecture forte.

Un très beau poème, portrait d'un "maudit" qui va jusqu'au bout de lui-même jusqu'à la rencontre salvatrice. Réversibilité...

 

Le final est tout à fait sublime !

Je rejoins @Alba sur la beauté et la puissance déployée par la chute du poème.

@Rigault

 

Plus dure sera la chute... et hop !

Une évocation impressionnante des dégâts d'une certaine doxa exacerbée... Qui atteste au fond que l'amour (sinon "la femme") est l'avenir de l'homme...

 

 

 

Modifié 14 février14 févr. par Thy Jeanin

Les rudes timons de la raison se brisent devant les brocards du cœur...pourvu que ça dure !

Le mal se guérit essentiellement par soi-même et les autres existent uniquement si ce chemin est plus qu'à moitié entrepris. Un poème puissant qui parle des limites franchies quand la tête va mal.

L'évolution du caractère et des pensées du narrateur est bellement donnée à lire et la violence avouée est assez remarquable . Une vraie puissance se dégage de votre poème.