Posté(e) 22 novembre Ce mot qu’il ne faut pas prononcer Voulez-vous faire fuir vos amis, devenir subitement impopulaire, vous construire une réputation exécrable de voyou méprisable, de déchet venimeux, de marginal sans conscience ? Voulez-vous gâcher la fête, envenimer le moment, diffuser la rancœur, multiplier le nombre de vos ennemis mortels ? Voulez-vous déchaîner la tempête, vous faire insulter, bannir, détruire sans vergogne et sans complexe par des êtres convaincus de purger la société d’un être malfaisant ? C’est simple comme bonjour, ou presque. Car il est un mot qui épouvante les chaumières, fait trembler les consciences, réveille les morts pour les faire claquer des dents. Oui, un mot, une parole, quelques syllabes plus efficientes que l’acide le plus puissant ou que le Diable en personne. Un mot réservé à quelques-uns (ils n’ont pas survécu) qui l’emploient en conscience et en lucidité, pleinement au fait de ses conséquences apocalyptiques. Mais duquel s’agit-il, me direz-vous, et pourquoi ce déchaînement soudain d’hostilité et de terreur ? Ce mot a, il faut en convenir, des pouvoirs redoutables : il ôte les masques les plus soigneusement appliqués, révèle les turpitudes sous le vêtement de soie, montre les faces rougeaudes aux appétits goulus, formule les pensées méphitiques des âmes ténébreuses qui encombrent les trottoirs, met en lumière enfin tout ce que votre vie s’échine à dissimuler sous le masque respectable de la bénignité et de l’innocence papelarde. Ce mot n’est pas à mettre dans toutes les bouches. Mais puisque, sans vous lasser, votre curiosité inquiète le réclame, je vous le livre sans fard et sans reproche. Vous avez déjà deviné, naturellement, qu’il s’agit de la vérité. FIN 1 1
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