Les feux de Chalende*

[Tarentaise]

Les feux de Chalende*

 

Belette, renardeau, lièvres et sangliers,
Le feu vous a chassés de vos genévriers ;
Sauvez-vous des buissons, ô bêtes sauvagines,
Demain de vos terriers vous serez orphelines.

 

La mal'heure ce soir, ne l'avez-vous sentie ?
La lune, à son décours, vous avait avertis
Qu'une fois au grenier les dernières provendes,
Vient la nuit d'allumer les grands feux de Chalende.

 

Il est temps de monter là-haut sur la colline ;
Les bouviers, les chevaux et la race bovine,
Enlacés de fumée, entourent les broussailles :
Vous les verrez danser, fêter les fiançailles.

 

Ils savent que, lassé du froid et de ses vagues,
À la neige, l'hiver va passer une bague.

 

Les feux se sont éteints, s'endort le pâturage ;
De l'automne en déroute, on attend le naufrage.
Bientôt viendra Noël, en Savoie, c'est Chalende,
Les vieilles tisseront la rissole en guirlande.

 

À l'étable ce soir, résonnent les clarines :
À vos terriers rentrez, ô bêtes sauvagines !

(Tarentaise, le 17 novembre 2024)

 

* Ce poème évoque une époque révolue (XVIIe siècle) où les traditions et les rites saisonniers rythmaient la vie quotidienne. Le terme "Chalende" évoque Noël dans une version ancestrale, liée aux "calendes", marquant un temps de transition, de feu et de fête.