Jeux de lune

[Thy Jeanin]

 

     La lune est si loin d’ici qu’elle voit le soleil disparu, qui le lui rend bien. Son teint est d’or éblouissant.

 

     Aussi les étoiles, jalouses de ne présenter qu’un modeste ballet, d’un coup de balai ont-elles quitté la place. La piste de saphir, de mauve repeint, n’est emplie que de falbalas, passages diaphanes des nuages au poil soyeux.

 

     On dirait qu’aux nues se jouent de malicieuses souris. C’est sans doute pourquoi mon amie sous son fard brillant, prend la mine de qui s’affole.

 

     Je crois même qu’en passant, un ange s’est moqué qui lui a dessiné une moustache de tambour-major.

 

     Or, ainsi virilisée, Séléné n’en est pas moins belle et rayonne de tous ses feux.

 

     L’heureux moment ! Je n’ai d’yeux que pour l’astre, oui, et j’oublie la cage de terre où mon sort est scellé.

 

     Mais enfin, sur le chemin de mes révolutions, tu m’auras toujours souri, ô fine Dame, avec le même ravissement.

 

     Qu’Apollon, ton frère, ne se lasse jamais de te confier un peu de sa lumière – du moins avant ma propre éclipse.

 

     Ainsi parlais-je à la belle, qui était à son plein, battant ses beaux cils, trônant sans partage, voilée, révélée au hasard des grâces nimbées de la scénographie céleste.

 

     Lorsque je pris la décision subliminale – juste au ras de la conscience – de prendre congé de ce beau trio, ménage à trois qui se réglait d’olympienne main de maître, pour aller me coucher, moi qui aurai à le faire un jour une fois pour toutes.

 

     Et je partis me contenter des bras souples d’Hypnos.

 

     Ah mais si la lune vaut la peine d’être explorée, on peut se le figurer…

 

     Et de m’apprêter au rêve.

 

 

 

Modifié 19 août par Thy Jeanin