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Le pantoun
Définition : n.m. (mot malais). Poème à forme fixe emprunté à la poésie malaise et composé d'une suite de quatrains à rimes croisées. (Le deuxième et le quatrième vers du premier quatrain fournissent les premier et troisième vers du suivant, et le dernier vers de la pièce répète le premier.)
Le pantoum s'avère très musical car il possède un effet de retour servant quasiment de refrain. C'est Victor Hugo, à la suite d'une traduction d'un chant malais, qui a importé ce genre. Il faut différencier le vrai du faux pantoum.
Le vrai pantoum
Il est formé de quatrains soit octosyllabiques, soit décasyllabiques. Les rimes seront croisées et alternées féminines et masculines.
La disposition des vers se présente ainsi : Le deuxième et le quatrième vers de chaque strophe devient le premier et le troisième de la strophe suivante, et ainsi de suite. Pour finir le poème, il sera repris le premier vers du poème.
Exemple
Sur deux vers d'Anna de Noailles
Oublier! perdre en toi tout univers trop tendre
Engloutir dans ton corps l'eau d'or des ciels d'été
Afin qu'en ses remous mon âme puisse attendre,
Saisir le merveilleux par la vague emporté.
Engloutir dans ton corps l'eau d'or des ciels d'été (reprise du vers 2)
Au gré des tourbillons, me perdre en ce mirage,
Saisir le merveilleux par la vague emporté, (reprise du vers 4)
Ne plus voir dans tes yeux ces menaces d'orage.
Au gré des tourbillons, me perdre en ce mirage, (reprise du vers 6)
M'anéantir alors jusqu'à l'absurdité,
Ne plus voir dans tes yeux ces menaces d'orage (reprise du vers 8 )
Naître à chaque sursaut frisant l'anxiété.
M'anéantir alors jusqu'à l'absurdité, (reprise du vers 10)
Et dans l'heure volée éclaboussant le songe
Naître à chaque sursaut frisant l'anxiété (reprise du vers 12)
Avant de m'éveiller sur un cruel mensonge.
Et dans l'heure volée éclaboussant le songe, (reprise du vers 14)
Puiser jusqu'au défi dans le calice en fleurs
Avant de m'éveiller sur un cruel mensonge, (reprise du vers 16)
C'est la loi de toujours au royaume des pleurs.
Puiser jusqu'au défi dans le calice en fleurs, (reprise du vers 18)
Écraser sous mes doigts les perles d'une averse,
C'est la loi de toujours au royaume des pleurs (reprise du vers 20)
Lorsque l'amour se meurt souvent son flot déverse.
Écraser sous mes doigts les perles d'une averse, (reprise du vers 22)
Sur la berge, l'espoir berce le souvenir
Lorsque l'amour se meurt souvent son flot déverse, (reprise du vers 24)
Les elfes de la nuit peuvent alors venir.
Sur la berge, l'espoir berce le souvenir (reprise du vers 26)
Afin qu'en ses remous mon âme puisse attendre,
Les elfes de la nuit peuvent alors venir. (reprise du vers 28)
Oublier ! perdre en toi tout univers trop tendre. (reprise du vers 1)
Juliette Astier Cestion, Mes Glanes
Le faux pantoum
Deux distinctions fondamentales sont à faire entre le vrai et le faux pantoum. Le deuxième est construit sur deux rimes uniquement, et le dernier vers ne reprend pas le premier. Ce serait Baudelaire qui aurait été l'instigateur de ce poème à forme fixe.
Exemple de Verlaine
Pantoum négligé
Trois petits pâtés, ma chemise brûle ;
Monsieur le curé n'aime pas les os ;
Ma cousine est blonde : elle a nom Ursule.
Que n'émigrons-nous vers les Palaiseaux !
Ma cousine est blonde, elle a nom Ursule.
On dirait d'un cher glaïeul sur les eaux.
Vivent le muguet et la campanule !
Dodo, l'enfant do, chantez doux fuseaux.
Que n'émigrons-nous vers les Palaiseaux
Trois petits pâtés ; un point et virgule
On dirait d'un cher glaïeul sur les eaux
Vivent le muguet et la campanule !
Trois petits pâtés ; un point et virgule ;
Dodo l'enfant do, chantez doux fuseaux !
La demoiselle erre emmi les roseaux ...
Monsieur le curé, ma chemise brûle !
Paul Verlaine in Album Zutique, 1872