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La ballade
Définition : n.f. (prov. Ballada, danse). 1. Littér. Poème à forme fixe (constituée au XIV° s.), composé généralement de trois strophes suivies d'un envoi d'une demi-strophe. 2. (fin du XVIII° s.), poème narratif en strophes inspiré d'une légende ou d'une tradition historique.
La ballade est connue sous 4 formes :
La ballade primitive : En général, trois huitains sur deux ou trois rimes. Le dernier vers de chaque strophe est identique, et sert de refrain.
La petite ballade : elle est composée de trois huitains et d'un quatrain composant l'envoi, le tout sur trois rimes croisées. Elle peut être schématisée ainsi :
Abab/bcbc - abab/bcbc - abab/bcbc - bcbc : ou c écrit en gras correspond au même vers.
Attention, pour réussir cette ballade, elle exige une préparation rendue nécessaire par le choix des rimes : il faut en effet six rimes " a ", quatorze rimes " b " et huit rimes " c ".
Pour l'envoi, c'est à dire le dernier quatrain, il commence par une interpellation, comme si l'on voulait s'adresser au dédicataire du poème.
Voici pour mieux vous faire comprendre deux petites ballades :
Ballade amoureuse
Comment l'amant, à un jour de Pentecôte au mois de Mai,
trouva s'amie par amours cueillant roses en son joli jardin
Le droit jour d'une Pentecôte,
En ce gracieux mois de Mai,
Celle où j'ai m'espérance toute
En un joli verger trouvai
Cueillant roses, puis lui priai :
Baisez-moi. Si dit : Volontiers.
Aise fus ; adonc la baisai
Par amours, entre les rosiers.
Adonc n'eut ni paour ni doute,
Mais de s'amour me confortai ;
Espoir fut dès lors de ma route,
Ains meilleur jardin ne trouvai.
De là me vient le bien que j'ai,
L'octroi et le doux désirier
Que j'ouis, comme je l'accolai,
Par amours, entre les rosiers.
Ce doux baiser ôte et rebute
Plus de griefs que dire ne sais
De moi ; adoucie est trèstoute
Ma douleur ; en joie vivrais.
Le jour et l'heure bénirais
Dont me vint le très-doux baiser,
Quand ma dame lors encontrais
Par amours, entre les rosiers.
Prince, ma dame à point trouvai
Ce jour, et bien m'étais métier ;
De bonne heure la saluai,
Par amours, entre les rosiers
Eustache Deschamps
L'ancien français n'étant pas compréhensible pour tous, je vous propose une deuxième "petite ballade" plus "moderne" :
Ballade
Elle promène sa tendresse,
Au fil du printemps à venir,
Qu'importe si l'hiver ne presse
Elle goûte à son devenir ...
L'oiseau va jusqu'à la bénir
Chantant sa robe de phalène
Qui brille à perte d'avenir,
L'ombre te sourit, douce Reine.
Elle partage sa caresse
Au profil glacé du menhir,
Elle sent ... La question l'oppresse
Ne veut il plus la détenir ?
Il refuse l'entretenir
D'un silence frappant le chêne
Où résonne le souvenir ...
L'ombre te sourit, douce Reine.
Et elle cogne sa détresse,
Le beau ne peut plus convenir ...
Quel est ce rire qui la stresse ?
L'oiseau va jusqu'à la bannir...
Les larmes ont beau l'assainir
Oh triste chanson qui l'entraîne
Ces pleurs sont faits pour la punir.
L'ombre te sourit, douce Reine.
Oui, Reine, tout peut survenir
À chaque mot que l'on promène
Il est si simple d'en finir :
L'ombre te sourit, douce Reine.
Pierre Brandao
La grande ballade : comme son nom l'indique, si elle semble compliquée elle est toutefois plus facile à réaliser que la petite ballade, les rimes étant mieux répartie. En effet, elle se compose de trois strophes de dix vers et d'un envoi de cinq vers, le tout sur quatre rimes.
La grande ballade la plus célèbre est sans conteste celle de François Villon, La ballade des pendus. Nous ne la reproduirons pas présentement.
Le chant royal : c'est une variante de la grande ballade, beaucoup plus étendue puisqu'il est composé de soixante vers répartis comme suit : cinq strophes de onze vers, et un envoi de quatre à sept vers selon, l'ensemble étant réalisé sur un total de cinq rimes. L'idée de faire reproduire le même vers à la fin de chaque strophe et de l'envoi est respectée.