- Éloigne-toi, vil souffleur de tempête,
Dit Jupiter, ne me romps pas la tête ;
Le roi des dieux ne peut être... vaincu.
Junon, piquée et même un peu confuse
Que son époux eût surpris sa vertu
Dans un état qui n’a guère d’excuse,
Avec humeur se relève, et l’accuse
De ne jamais la laisser en repos,
Et d’arriver toujours mal à propos.
- C’est bien à vous dit-elle de vous plaindre !
J’ai trop souffert, je suis lasse de feindre.
Et la voilà rappelant tous les tours
Qu’il lui faisait dans ses folles amours.
- Comment dit-il c’est elle encor qui gronde !
Elle eût voulu qu’à son aise, à loisir,
On la laissât se donner du plaisir !
Mille carreaux !... Le souverain du monde
Fronçait déjà ses sourcils orageux,
Et la Discorde allait troubler les jeux,
Lorsque Vénus, descendant de son trône,
Après avoir, d’un regard tendre et doux,
Du couple auguste apaisé le courroux,
En souriant leur présente son faune.
- Dieux immortels, je vous demande à tous
S’il est, dit-elle, assez digne de vous.
Les faits ouïs, la neuvaine décrite,
Tous ses rivaux, même les plus jaloux,
En gens d’honneur rendent gloire au mérite.
- Venez, mon gendre, et soupez avec nous,
Dit Jupiter : ce sera chez ma fille.
Je veux ce soir m’enivrer en famille.
Demain matin l’Olympe radieux
Sera témoin de votre apothéose ;
Car le Destin, dont ma fille dispose,
A dit ces mots, consignés dans les cieux :
« Quand il lui plaît la beauté fait les dieux. »
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