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  • La sextine

     

    Définition n.f. (du lat. sextus, sixième). Littér. Poème à forme fixe, comprenant six strophes de six vers et un tercet, où les mêmes mots reviennent à la rime dans un ordre différent.

     

    La sextine a été inventée par Arnaut Daniel, un troubadour de l'époque moyen-âgeuse. Elle utilise six mots rimes. Six strophes de six vers utilisent chacune une fois ces mots rimes et le principe est de les permuter d'une façon logique dans les strophes suivantes, selon le même principe. Arnaut Daniel appliquait la forme suivante : 1, 2, 3, 4, 5, 6 pour la première strophe devient 6, 1, 5, 2, 4, 3 ; ensuite, il considérait sa deuxième strophe comme étant la première pour appliquer le même ordre dans la troisième : 6, 1, 5, 2, 4, 3. 
     
    Étudier les codes couleurs du texte ci-après est la meilleure façon de comprendre la sextine : 


          Autour d'un étang 
     

          L'étang qui s'éclaircit au milieu des feuillages, 1      
          La mare avec ses joncs rubanant au soleil 2      
          Ses flottilles de fleurs, ses insectes volages 3      
          Me charment. Longuement au creux de leurs rivages 4      
          J'erre, et les yeux remplis d'un miracle vermeil, 5      
          J'écoute l'eau qui rêve en son tiède sommeil. 6      
     
          Moi-même j'ai mon rêve et mon demi-sommeil. 6    1    
          De féeriques sentiers s'ouvrent sous les feuillages ; 1    2    
          Les uns, en se hâtant vers le coteau vermeil, 5    3    
          Ondulent transpercés d'un rayon de soleil ; 2    4    
          Les autres, indécis, contournant les rivages, 4    5    
          Foisonnent d'ombre bleue et de lueurs volages. 3    6    
     
          Tous se peuplent pour moi de figures volages      6    1  
          Qu'à mon chevet parfois évoque le sommeil,      1    2  
          Mais qui bien mieux encor sur ces vagues rivages      5    3  
          Reviennent, souriant aux mailles des feuillages :      2    4  
          Fantômes lumineux, songes du plein soleil,      4    5  
          Visions qui font l'air comme au matin vermeil.      3    6  
     
          C'est l'ondine sur l'eau montrant son front vermeil          6
          Un instant ; c'est l'éclair des sylphides volages          1
          D'un sillage argentin rayant l'or du soleil ;          5
          C'est la muse ondoyant comme au sein du sommeil          2
          Et qui dit : " Me voici ! " ; c'est parmi les feuillages          4
          Quelque blancheur de fée... O gracieux rivages !          3 etc...
     
          En vain j'irais chercher de plus nobles rivages,        
          Pactole aux sables d'or, Bosphore au flot vermeil,        
          Aganippe, Permesse aux éloquents feuillages,        
          Pénée avec ses fleurs, Hèbre et ses chœurs volages,        
          Eridan mugissant, Mincie au frais sommeil        
          Et Tibre que couronne un éternel soleil ;        
     
          Non, tous ces bords fameux n'auraient point ce soleil        
          Que me rend votre aspect, anonymes rivages !        
          Du présent nébuleux animant le sommeil,        
          Ils y font refleurir le souvenir vermeil,        
          Et sonner du printemps tous les échos volages        
          Dans les rameaux jaunis non moins qu'aux verts feuillages.        
     
          Doux feuillages, adieu ; vainement du soleil        
          Les volages clartés auront fui ces rivages,        
          Ce jour vermeil luira jusque dans mon sommeil.        

     

    Théodore de Banville

     

    Remarque 1  : Une fois la deuxième strophe réalisée, on procède comme si c'était la première, d'où l'ordre rétabli.

    Remarque 2 : Pour le tercet de fin, les mots servant de rimes doivent être reproduits dans l'ordre de composition.

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