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La glose
En espagnol, le mot glosa désigne une forme poétique savante en vers octosyllabiques: un quatrain est repris à la fin de chacune des strophes suivantes de dix vers (décimas), chaque strophe se présentant comme un commentaire du quatrain précédent. Cette forme poétique a été définie par V. Martinez Espinel (Diversas rimas, 1591).
Chaque vers composant la première strophe est la conclusion de la strophe suivante, et ainsi de suite.
Pour exemple, cette " double glose ". Repérer les correspondances des vers en gras, et cela permettra de comprendre la structure du poème.Le temps passe, le temps vient Vers 1 Tout est ancien, tout est nouveau ; Vers 2 Ce qui est mal, ce qui est bien Vers 3 Pèse et médite à tout propos ; Vers 4 N'espère pas et n'aie pas peur, Vers 5 Ce qui est flot en flot s'en va, Vers 6 Si on te mande ou on te leurre. Vers 7 A toute chose reste froid. Vers 8 D'innombrables choses on voit, On en entend sonner beaucoup, Qui pourrait retenir cela, Et qui pourrait écouter tout ... Toi, tu dois t'asseoir d'un côté, Te retrouvant dans ton maintien, Dans les bruits de la vanité Le temps passe, le temps vient. Reprise vers 1 Que ne penche pas son aiguille La balance du froid penseur Vers l'instant léger qui oscille Pour le faux masque du bonheur Qui surgit de sa mort peut-être Et retombe dans le chaos; Pour celui qui peut le connaître Tout est ancien, tout est nouveau. Reprise vers 2 En spectateur au grand théâtre Dans ce monde imagine-toi: Sous masques tristes ou folâtres Son jeu, tu le devineras S'il se dispute ou s'il en pleure Tu dois méditer dans ton coin Pour saisir dans leur art trompeur Ce qui est mal. ce qui est bien. Reprise vers 3 Car l'avenir et le passé Sont les doux faces de la feuille, Voit tant au bout le point d'entrée Celui qu'exerce son oeil Tant ce qui fut ou qui sera Se trouve dans les faits, les mots, Quant à leur vanité déjà Pèse et médite à tout propos. Reprise vers 4 Aux mêmes moyens destinés Se soumet tout ce qui existe Et depuis des milliers d'années Le monde est gai, le monde est triste D'autres masques, la même pièce, D'autres voix, mais te même choeur, Même trompé, dans ta détresse N'espère pas et n'aie pas peur Reprise vers 5 N'espère pas quand les salauds Pour le triomphe se battront Ils l'emporteront, les idiots Malgré ta belle étoile au front: Ne t'en fais pas, ils vont chercher Entre eux-mêmes se ployer bas, Ne sois jamais leur associé: Ce qui est flat, en flat s'en va. Reprise vers 6 Pareil à un chant de sirène, On vous attire en guet-apens; Pour chanter les acteurs. sur scène On vous attrape en vous leurrant; A côté glisse vite et sors, Ignore leurs propos flatteurs, De ton sentier en dehors. Si l'on te mande ou on te leurre. Reprise vers 7 Evite cependant leurs coups, Face aux calomnies tais-toi bien; Renonce à tes conseils surtout Si tu connais leurs vrais moyens; Ils peuvent parler à leur aise, Vive en ce monde qui vivra Et afin que rien ne te plaise, A toute chose reste froid. Reprise vers 9 A toute chose reste froid. Caractéristique : l'auteur reproduit en fin du poème l'intégralité de la première strophe... Si l'on te mande ou on te leurre, Ce qui est flot en flot s'en va, N'espère pas et n'aie pas peur; Pèse et médite à tout propos Ce qui est mal, ce qui est bien, Tout est ancien, tout est nouveau: Le temps passe, le temps vient. Mihai Eminescu