Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…

Doit contenir au moins 3 caractères.

Aller au contenu
  • Les différents vers

     

    Le vers alexandrin

     
    Rappel historique : ce vers de douze syllabes est appelé ainsi depuis Le roman d’Alexandre, chant écrit au XI° siècle par Lambert le Tort et Alexandre de Bernay. 
     
    C’est le plus utilisé des vers classiques, car il permet, grâce aux différents accents mobiles et fixes, de donner un rythme différent selon ce qui veut être exprimé. Pour ce vers, l’hémistiche est obligatoire. 
     
    Souvenez-vous de ce superbe texte d’Alfred de Vigny... 
     
    Le mont des oliviers
     

            Alors il était nuit, et Jésus marchait seul,
            Vêtu de blanc ainsi qu’un mort de son linceul ;
            Les disciples dormaient au pied de la colline.
            Parmi les oliviers, qu’un vent sinistre incline,
            Jésus marche à grand pas en frissonnant comme eux ;
            Triste jusqu’à la mort, l’œil sombre et ténébreux,

            Le front baissé, croisant les deux bras sur sa robe
            Comme un voleur de nuit cachant ce qu’il dérobe ;
            Connaissant les rochers mieux qu’un sentier uni,
            Il s’arrête en un lieu nommé Gethsémani,
            Il se courbe, à genoux, le front contre la terre ;
            Puis regarde le ciel en appelant : " Mon Père ! "

            - Mais le ciel reste noir, et Dieu ne répond pas…
     

     

    Le vers de onze syllabes ou hendécasyllabe

     
    Plusieurs découpes ont vu le jour pour ce vers peu utilisé :

    • 5 syllabes - césure - 6 syllabes
    • 8 syllabes - césure - 3 syllabes

     

    Selon quelques auteurs, ce style permet un élan brisé par les trois dernières syllabes : 
     

           T’aimer devient mon seul espoir / de survivre
           Car à chacun de tes regards / je suis ivre…

     

    Pierre Brandao

     

     

    Le vers de dix syllabes ou décasyllabe
     
    Contrairement à ce qui pourrait être pensé, la césure ne se fait pas au milieu du vers, car l’on obtiendrait une monotonie de rythme désagréable à l’oreille. Seul le fait de croiser les rimes permettrait d’éviter cet effet nocif : 
     

           Le matin n’est plus ! le soir pas encore !
           Pourtant de nos yeux l’éclair a pâli. 

           Mais le soir vermeil ressemble à l’aurore,
           Et la nuit plus tard amène l’oubli.

     

    Gérard de Nerval, Ni bonjour ni bonsoir 
     

    Le repos du décasyllabe se fait après la quatrième syllabe, on retrouve donc le schéma suivant : 4 / 6, comme dans l’exemple suivant : 
     
           Il est un air/ pour qui je donnerais
           Tout Rossini/ tout Mozart et tout Weber
    (1)
           Un air très vieux,/ languissant et funèbre,
           Qui pour moi seul a des charmes secrets !

     

    Gérard de Nerval - Fantaisie

     

    (1) Weber se prononce selon de Nerval : Wèbre. 
     

     

    Le vers de neuf syllabes ou ennéasyllabes
     
    Comme pour le vers hendécasyllabique vu plus haut, la découpe se fait soit en 3 / 6, soit en 4 /5. Les poètes préfèreront le premier car une fin de vers impaire est moins musicale à l’oreille. 
     
           Un chagrin/ qui voudrait s’assoupir
           Un frisson/ qui fait mal et qui charme,

           Un sourire/ en qui glisse une larme,
           Un sanglot/ qui finit un soupir.

     

    Fernand de Gregh 

     

     

    Le vers de huit syllabes ou octosyllabe
     
    Il est le vers le plus répandu après l’alexandrin. Une césure à peine marquée peut être faite, mais elle n’est pas obligatoire, c’est dans le corps même du vers que le choix des mots et du rythme s’impose. 
     

           Elle était fort déshabillée
           et de grands arbres indiscrets
           Aux vitres jetaient leur feuillée
           Malignement, tout près, tout près…

     

    Arthur RIMBAUD, Première soirée 
     

    N.B. Certains remarqueront dans cet exemple l’assonance des rimes en "é", qui rend le texte un peu monotone.
     

     

    Le vers de sept syllabes ou heptasyllabe
     
    A partir de l’octosyllabe, l’accent n’est plus obligatoire, il se rajoute naturellement vers la troisième ou la quatrième syllabe. C’est l’oreille qui rétablit la symétrie par l’emploi d’une syllabe muette : 
     
           Tant que la lame n’aura
           Pas coupé cette cervelle,

           Ce paquet blanc, vert et gras
           À vapeur jamais nouvelle, …

     

    Arthur Rimbaud, Honte 
     
    ... Il a le pouvoir de tuer !
    Il a le pouvoir de naître !

    Il ne sait pas qui tu es
    Mais te fais bien disparaître !

     

    Pierre Brandao, À contre sang 

     

     

    Le vers de six syllabes
     
    Il n’est pas si évident à réaliser, car celui-ci étant composée de 6 syllabes, il faut éviter le piège de tomber dans un demi-alexandrin. Le choix des rimes pour ce genre de vers doit absolument éviter certaines assonances malheureuses. Mais en revanche, un poème construit sous ce modèle peut s’avérer très musical. 
     

           À cette côte anglaise
           J’ai donc fait mes adieux,
           Et sa blanche falaise
           S’efface au bord des cieux !...

     

    Gérard de Nerval, De Ramsgate à Anvers 
     

    Voici un texte jouxtant entre le vers de six syllabes et l’alexandrin : 
     
    Révolte
     
           - Tu me dis de me taire
           Ce n’est pas mon affaire,
           Tu me traites d’idiot,
           Je réfléchis de trop ! 
     

           Tu me trouves bien bête,
           De vouloir tenir tête,
           Ce n’est pas ma maison,
           Ma chambre est ma prison ! 
     

           - Le temps de ton enfance a quitté ton esprit,
           Je vois dès à présent que tu as bien grandi ;

           Le dialogue entre nous s’étonne d’indécence :
           Il est dur à passer le cap d’adolescence !...

     

    Pierre Brandao, extrait 
     

     

    Le vers de cinq syllabes
     
    C’est une course à la rime, le rythme s’accélère, comme un cri qui veut exploser. 
     

           Entends comme brame
           Près des acacias
           En avril la rame
           Viride du pois ! 

           Dans sa vapeur nette,
           Vers Phoebé ! tu vois

           S’agiter la tête
           De saints d’autrefois…

     

    Arthur Rimbaud, Fêtes de la faim, extrait 
     

     

    Le vers de quatre syllabes ou tétrasyllabe
    Le vers de trois syllabes ou trisyllabe

    Le vers de deux syllabes ou dissyllabe
    Le vers d'une syllabe ou monosyllabe

     
    Rarement utilisés pour composer un poème uniquement sur cette structure, ils sont le plus souvent usité pour créer des chutes de vers.
    Rimbaud les utilisait fréquemment -et il est loin d’être le seul !... : 
     
           Noirs dans la neige et dans la brume,

           Au grand soupirail qui s’allume,
           Leurs culs en rond, 
     
           À genoux, cinq petits, ...misère !...
           Regardent le boulanger faire
           Le lourd pain blond…

     

    Arthur Rimbaud, Les effarés


     Le spécialiste du genre est Amédée Pommier, qui a réalisé des vers tétrasyllabiques, trisyllabiques, dissyllabiques, et monosyllabiques. 
     
    Voici le poème monosyllabique de Jules de Rességuier, considéré comme un chef d’œuvre pour ce style de vers : 
     
           Fort
           Belle,
           Elle 

           Dort. 
     
           Sort
           Frêle !
           Quelle 
           Mort ! 
     
           Rose 

           Close,
           La 
     
           Brise
           L’a
           Prise. 

     

    Enfin, comme dernier exemple, mêlant des vers tétrasyllabiques et trisyllabiques, un texte provenant de Xavier de Larminat, cité avec son aimable autorisation : 
     
    Rêve
     
           S’assoupir 
           Et sourire 
     
           Puis rêver 
           Voyager 
     

           Se réveiller 
           Et oublier. 

     

     

    Les iambes
     
    Petite définition tout d’abord : (grec Iambos), n.m. Pied de vers composé d’une brève et d’une longue accentuée. - Pièce satirique, en alexandrins alternant avec des octosyllabes
     
    Vous l’avez compris, c’est la disposition dans une strophe de vers longs et de vers courts. 
     

    Victor Hugo l’usait et en abusait même dans ses écrits : 
     
           Il ne sera pas dit que ce jeune homme, ô deuil !
           Se sera de ses mains ouvert l’affreux cercueil
           Où séjourne l’ombre abhorrée,
           Hélas ! et qu’il aura lui-même dans la mort
           De ses jours généreux, encor pleins jusqu’au bord,

           Renversé la coupe dorée, … 
     

    Victor Hugo, Charles Vacquerie

×
×
  • Créer...