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  • L'odeur de mon pays


    L’odeur de mon pays était dans une pomme.
    Je l’ai mordue avec les yeux fermés du somme,
    Pour me croire debout dans un herbage vert.
    L’herbe haute sentait le soleil et la mer,
    L’ombre des peupliers y allongeaient des raies,
    Et j’entendais le bruit des oiseaux, plein les haies,
    Se mêler au retour des vagues de midi…

     

    Combien de fois, ainsi, l’automne rousse et verte
    Me vit-elle, au milieu du soleil et, debout,
    Manger, les yeux fermés, la pomme rebondie
    De tes prés, copieuse et forte Normandie ?…
    Ah! je ne guérirai jamais de mon pays  !
    N’est-il pas la douceur des feuillages cueillis
    Dans la fraîcheur, la paix et toute l’innocence?

     

    Et qui donc a jamais guéri de son enfance ?…


    Illustration: Dans le pré en automne à Éragny, PISSARRO Camille, 1901



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