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  • Chanson violette


    Et ce soir-là, je ne sais,
    Ma douce, à quoi tu pensais,
    Toute triste,
    Et voilée en ta pâleur,
    Au bord de l'étang couleur
    D'améthyste.

    Tes yeux ne me voyaient point ;
    Ils étaient enfuis loin, loin
    De la terre ;
    Et je sentais, malgré toi,
    Que tu marchais près de moi,
    Solitaire.

    Le bois était triste aussi,
    Et du feuillage obscurci,
    Goutte à goutte,
    La tristesse de la nuit,
    Dans nos cœurs noyés d'ennui,
    Tombait toute…

    Dans la brume un cor sonna ;
    Ton âme alors frissonna,
    Et, sans crise,
    Ton cœur défaillit, mourant,
    Comme un flacon odorant
    Qui se brise.

    Et, lentement, de tes yeux
    De grands pleurs silencieux,
    Taciturnes,
    Tombèrent comme le flot
    Qui tombe, éternel sanglot,
    Dans les urnes.

    Nous revînmes à pas lents.
    Les crapauds chantaient, dolents,
    Sous l'eau morte ;
    Et j'avais le cœur en deuil
    En t'embrassant sur le seuil
    De ta porte.

    Depuis, je n'ai point cherché
    Le secret encor caché
    De ta peine…
    Il est des soirs de rancœur
    Où la fontaine du cœur
    Est si pleine !

    Fleur sauvage entre les fleurs,
    Va, garde au fond de tes pleurs
    Ton mystère ;
    Il faut au lis de l'amour
    L'eau des yeux pour vivre un jour
    Sur la terre.


    Illustration: Lac d’Annecy, CÉZANNE Paul, 1896



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