Partager Posté(e) 8 septembre 2018 Il pleut dans le vieux cimetière, Une aube noire agenouillée Tombe l'étoffe de prière Sur le silence des allées. Des pardessus gris de nuages, Des statues velues de moisi, La veuve aux funèbres voilages Froisse les larmes de l'oubli. Ici, un reste de couronne, Des visages qui ne sont plus, L'ovale usé d'une personne Mouillée de pluie au vent perdu. Un soldat, tombé dans la Somme, Là, des brodeuses de chagrin, Oui, vous serez ce que nous sommes... Dit la plaque rouille-gredin. Un angelot ouvrant ses ailes, Corolle éphémère du jour, Aux langes à jamais éternelles, Parti dans son rêve d'amour. Ah, le regard des vierges sombres... Fixant la boue et les hivers Dont la douleur sait interrompre Le frêle gloussement de l'air. Lambeaux de souvenirs profanes, Les pense-regrets prennent froids, Un vase embrume sa tisane Et les fleurs crissent sous les croix. Et l'odeur du deuil se sous-boise En un doux duvet de perdreau Léchant des noms sur les ardoises, Collant des feuilles aux tombeaux. J'aime au plus profond de l'errance, Étreindre en moi tout doucement, Ces parfums, cette succulence, Le long des marbres inquiétants. Comme un trouble-appel qui s'approche, L'écoulement de l'au-delà, Devancer la pelle et la pioche, Rire en secret de ce convoi. Il pleut dans le vieux cimetière, Une aube noire agenouillée Tombe l'étoffe de prière Sur le silence des allées. Il pleut dans le vieux cimetière, Fantômes aux foulards givrés, La mort garde sa jarretière Mais j'ai cueilli sa rose thé... 5 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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