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Le citadin


Eathanor

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Je déambule dans les artères de la ville. Microbe parmi tant d’autres, perdu dans un flot cyclique et mécanique. Des murs bétonnés étouffent les flancs de l’horizon. Au sol, toujours le même béton noirâtre. Je suis le long serpent sinueux, traversant les faubourgs, m’enfonçant dans la foule des tristes singes costumés pour mieux oublier une triste condition. Mon existence me colle à la peau, vient engluer mes mouvements. Sur mon poignet est apposée la marque de mon asservissement au Temps. Elle segmente mes instants de vécu, les mettant sous la cellophane de la vie prête à consommer.

 

Guerrier des temps modernes, « le citadin », tel est mon seul titre de noblesse. Je surfe sur le dos d’un cupidon vendu à la cause de l’hédonisme. Pour me rassurer, chaque semaine, j’honore une nouvelle conquête sous des draps made in Carpe Diem. Dans le tiroir de ma table de nuit, des préservatifs pour masquer mon impuissance à jouir de la confiance.

Ma boite à rêves me guide dans le dédale d’une infinité de canaux hertziens. Je me disloque dans le grand zapping universel du multimédia, évitant avec soin de zapper sur la chaîne de ma propre vie. La valeur de mes mots se calcule en octets ; celle de mes relations se conjugue en mails.

 

Je croise mes doubles chaque jour, ces miroirs ambulants qui me renvoient mon propre reflet. Mon regard glisse sur eux pour mieux les éviter.  Dans le ver métallique creusant son chemin dans les entrailles de la cité, ils sont tous là. Tous ces miroirs ternes s’évitent dans cet espace confiné, rêvant de pouvoir fracasser leur prochain pour ne plus subir les agressions de leur réalité. Les poubelles publiques vomissent les quotidiens du jour. Informations avalées puis aussitôt régurgitées. Ne surtout pas s’y attarder, mais continuer à se désintégrer dans le flux des kilos bits.

 

Chaque jour, je m’injecte ma dose de mégahertz pour toujours avancer vers mon grand shoot final. Dans une overdose de pixel de douleur, mon âme se disloque.

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