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Je hais les vieux


Marc Hiver

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Citation

 

Avertissement aux ami(e)s d'AP :

 

Il va sans dire — et mieux en le disant — que les plus de soixante-cinq ans qui enchantent ce forum poétique ne sont pas concernés par cette diatribe grotesque. La poésie conserve la jeunesse des rimes, même si parfois aux entournures il arrive qu'on entende craquer sa prosodie.

 

 

 

J'ai fait ce cauchemar que des vieux sans vergogne,

Masquant leurs cheveux blancs et complétant leur bouche

Par des pivots trop chers, s'empiffraient à la louche

De l'amour du prochain, mais je sais qu'ils s'en cognent !

 

Des ogres déclarent que leurs petits enfants

Sont un dû à Noël et à La Trinité

Lors qu'ils sacrifieraient toute l'humanité

Se gobergeant à donf sur le dos des enfants.

 

Certes certains croulants ne touchent presque rien

Et se privent de tout, nourrissant leur cabot,

Tout en donnant des sous sans faire un distinguo

Entre les marmousets qui eux s'en foutent bien !

 

Je vous parle du riche à mil cinq cents euros,

Baignant dans l'opulence, une vie de cocagne,

Tandis que le matin des actifs vont au bagne

Payer les pensions des oisifs qui jouent faux.

 

Ô ces cathédrales, ô combien de musées

Arpenteront-ils donc avant que de mourir

Après avoir tant bu du meilleur et du pire

Mangeant le pangolin indûment braconnés ?

 

Et encore une fois, ils spolient la jeunesse,

Car pour sauver leur peau, ils imposent à tous

De vivre confinés afin qu'on ne les pousse

À deux mains dans la tombe où se dira la messe.

 

Le chômage enrage le lit de pauvreté,

Mais les trompe-la-mort dansent au thé dansant

Ces danses de salon des guinguettes d'antan,

Des danses macabres tristement agitées.

 

Prothèses du genou, chevilles et des hanches,

Liftings à très grands frais balafrent d'un sourire

Des lèvres torsadées et montrent que l'empire

D'une tête de mort dans le vide se penche.

 

Les jeunes crèveront d'un monde pollué

Par l'ère du plastique et de ce formica,

Ce credo bien avant le temps que l'avant-bras

Si flasque pendouillât aux manches des mémés.

 

Vous vous piquez de Skype, Internet et iPad,

Voyez-vous votre gueule aux cernes ravageurs,

L'image désastreuse et ces traits qui font peur

Et que vous devriez enterrer en Ehpad ?

 

Vous retenez vos cris, politesse des vieux,

Et vous vous demandez qui se permet ainsi,

Qui ose se moquer de ces pauvres vessies

Fuitant dans le bénard des tardifs amoureux ?

 

J'aime le grotesque, Théophile Gautier,

Le beau m'ennuie un peu, le sublime parfois,

Je veux qu'à nos rires se mêle un peu d'effroi

Si tant va la faux qui nous sera sans pitié !

 

Modifié par Marc Hiver
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