Partager Posté(e) 16 mai 2020 Le Duel L’aube livide en pleurs de larmes de rosée Couvre le Champ de Mars d’une mantille grise Sur la barrière on voit deux manteaux déposés Au milieu de l’allée, deux silhouettes en chemise Pour une offense vaine, une sotte remarque L’un de ces jeunes gens, si vivants, va mourir Avec sa grande faux, déjà là dans le parc Elle rôde, la camarde au sinistre sourire Tout de sombre vêtus comme des croque-morts Le protocole est strict, les témoins vérifient Les pistolets d’arçon, puis le tirage au sort Pour chaque arme décide à qui on la confie Les duellistes à part crânent l'indifférence Une seule pensée, ne pas trembler de froid Ne pas montrer sa peur, toujours de la décence Pour l’honneur de son nom, il faut se tenir droit Six heures, c’est l’instant, à l’appel ils s’adossent S’éloignent en comptant à grandes enjambées Volte-face à vingt pas, ils songent à la fosse Où l’un d’eux dormira quand il sera tombé Une dernière fois, on vient les supplier De retirer l’insulte aux mots inopportuns De pardonner l’outrage, accepter d’oublier Deux non suivent alors qui scellent leur destin A mon compte de trois, dit une voix tendue Effrayant les pigeons, une salve éclatante Retentit dans le vent, le verdict est rendu Aux deux poitrines blanches on voit deux amarantes Quelque part dans la ville, un rire d’une belle Une femme inconnue, princesse ou prostituée Moque ses deux amants qui pour cette cruelle Dans le petit matin, se sont entretués Gao T. Kanth 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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