Partager Posté(e) 3 septembre 2018 1. Quoique n’étant pas ambidextre, Hier j’avais plus de demain, Le temps qui me prend par la main Me prive de séjour terrestre. Certes, mais il met davantage De passé dans mon escarcelle… Hélas ! La mémoire infidèle Anéantit cet apanage. Je feuillette en vain le présent, Et griffonne sur chaque page ; De chaque seuil agonisant Chaque instant qui meurt me retranche, Asséchant la vague au rivage, Et ma coque n’est plus étanche. 2. À chaque marée plus de gîte, En ma cale il est un ruisseau, Alourdie par tant de voies d’eau, Ma barque mollement s’agite. Mes membrures à contrevent, Voiles crevées au mat de hune, Suis manant de triste fortune, Que le sort contrarie souvent. Le temps me vole, autant me fuit, En sa prison de contrebande Lumignon qui jamais ne luit . Danse maraud, tu te délabres Quand ta futile sarabande, Est pareille aux danses macabres. 3. L’horloge claque à ton revers, À ton poignet la montre ment, Affiché digitalement Chronos est un songe pervers. Immatériel et sûr de lui Il compte imperturbablement, Horizon de l’achèvement Qui nous porte dans son ennui. Evadé en l’heure propice, Lourdement pesant sur le dol, Abîme en haut du précipice ; Quoiqu’en espère le poète, Jamais il ne suspend son vol, C’est notre destin qu’il arrête. 4. Mais nul ne le connait vraiment, Fugace qui dévoie nos ombres Aux landes des mortels décombres, Puis nous efface en un moment. Faussaire en son marché de dupe Ce qu’il nous donne il nous le prend Le vieillard un jour le comprend, Quand la pente devient dérupe. Il n’est rente ni capital En son fourbi de battements Où tinte un effroi primordial ; Ultime vague en notre soute, Suprême écueil à nos tourments Où sombrera cette déroute. octobre 2013 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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