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D’or bleu


N'Silina

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D’or bleu

 

La terre qui vibre en moi est faite de désert et d’océan, de rouge profond, du camaïeu des ocres, de tous les bleus pulsant entre ciel et mer. Traversée de veines sombres, pulsatiles, lorsque s’en vient le puits, l’errance sourde, le corps déserté, aussi de ces fissures de lumière qui sont mon âme même et qui m’ont rendue mouvante, intuitive, pétrie au chant d’amour.

Cette terre aride, rouge sang, telle ma gorge assoiffée et trahie, cette terre d’Afrique qui, avant même de me sauter au cœur m’a pris les tripes, d’une seule poussée, géante !

Cet océan, sa lumière, son chant, ses bleus changeants juste avant que j’en goûte la fraîcheur, la mouvance, la caresse franche sur ma peau rougie de barbelés et qui soudain lavait ma blessure, dont le sel lissait ses cristaux dans mes éclats de rire.

Terres de tempête, de tornades, lesquelles dans leur violence exprimée apaisaient en moi le volcan, submergeaient la plaie vive d’une beauté à couper le souffle, l’insufflant à nouveau, me basculant étourdie sur la berge d’une vie à choisir, là, tout de suite !

Aussi les gris, tous les gris de Paris, les murs des chambres refermés, toutes les injures, tous les parjures et bien plus encore... Mais ces gris-là ne sont pas mon pays, ils sont seulement la réalité effractable de mon enfance.

Il y avait… cette grand-mère aux cheveux de lumière, au rire de jeune fille, dont la tendresse me servait de rempart certains jours sur le fil du rasoir, et peut-être l’ai-je appelée à l’aide, ces autres nuits où elle vivait ailleurs.

Il y avait… il y a… cette femme de feu et de rires rencontrée dans ma brûlure adolescente, dans les odeurs de mangue, de goyave et de poisson séché, dans le déploiement majestueux des flamboyants et des bougainvilliers, cette soif inextinguible par-delà le fleuve.

Il y avait… la sensualité sauvage et douce des peaux noires, ce rire encore, mêlé d’épices et du crissement des insectes, les djembés, le thé que l’on boit jusqu’à l’aube, ces étoffes qui claquaient comme fruits dans la tornade naissante, la touffeur de vivre, la danse et le désir, si puissants dans cette adolescence fauve et qui rachetaient le cri blessé de la toute petite fille.

Persistent en moi ce foisonnement, cette luxuriance, ce chant intime qui déborde mes lèvres et me guérit chaque fois, cette palette de couleurs dont l’éclat s’inscrit entre les lignes de ma vie, quels que soient mes saisons, mes arrachements, mes amours… en déferlante !

plage_blanche_oiseaux.jpg

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