~ Les commentaires sur les sujets sont uniquement visibles des membres de notre communauté ~
Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…

Doit contenir au moins 3 caractères.

Aller au contenu

Souvenirs de vacances


Joailes

Messages recommandés

 

 

On s'entassait dans la 404 familiale, une bonne vieille voiture solide et confortable, pour aller respirer l'océan et vivre chez notre grand-père charentais un mois durant.

Avec papa au volant on était tranquilles, on pouvait jouer à des jeux idiots comme compter les voitures croisées sur les routes en choisissant chacun une couleur, inventer des formes dans les nuages même si on avait un peu mal au cœur.

On somnolait en dodelinant de la tête, en perdant toute notion de distance et de temps, sur les nationales où l'on avait l'impression de traverser les arbres dont on ne voyait pas la cime, on était un peu ivres et l'on se taisait durant de longs moments, chacun pelotonné dans ses rêves ;

il y avait les pauses pipi-goûter-photos-jambes dégourdies ; parfois on voyait des ânes et on riait en leur donnant des noms de gens

connus ; maman était si belle dans sa robe fleurie, elle souriait en nous jetant un coup d’œil de temps à autre, bénissant ses petits futurs aventuriers serrés sur la banquette arrière, rassurée aussitôt par nos airs béats ;

et puis on arrivait à destination dans la longue ferme odorante où l'on goûtait le lait à peine jailli des mamelles des vaches dans des seaux en fer, les œufs à peine sortis du cul des poules et on devenait de petits princes, nous les petits citadins sans culture.

 

Sur les chemins grouillants de sauterelles, de criquets et autres insectes inconnus de nous, qui ne foulions que les sols propres de grands carrelages javellisés, nous apprenions à siffler dans la bouche des roseaux, à tailler des flèches, à fabriquer des arcs et construire des cabanes.

On apprenait le nom des fleurs et des étoiles et la jouissance des batailles de foin gorgé de soleil

le cœur léger, on allait taquiner le poisson à la rivière avec nos cannes rudimentaires, sans jamais en pêcher aucun.

Le soir, sous les lampions, on dévorait les pâtes fraîches aux herbes qui n'avaient jamais le même goût et nous allions dormir épuisés, mais si heureux qu'on n'aurait échangé nos places pour rien au monde.

Le matin, on dormait tant que jamais on n'entendit le chant du coq, mais après le bol de chocolat et les tartines épaisses taillées à même les miches chaudes, aux confitures généreuses, se réveillaient les ressorts de nos mollets et c'était reparti pour une grande journée d'aventures sur la terre sans limites, aux parfums incrustés à jamais dans nos chairs ...


 

... et puis on faisait la route à l'envers, on rentrait en ville, on retrouvait les copains pour une partie de billes et on reprenait l'école, encore tout rêveurs, et on décrochait un 18/20 à la première rédaction de septembre.

(J.E. Mars 2020)

Modifié par Joailes
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...