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Transmission d'histoires bleues


Joailes

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Une histoire bleue, douce comme un berceau à travers un miroir où le tulle volette à la moindre brise  ce visage à qui appartient-il et ces mains qui caressent ma joue rougie de gifles ?

Il me semble en connaître la douceur mais des fois je me trompe, je crois voir maman et je vois grand-mère, les arômes se mêlent, la cuisson des pommes de terre en robe de chambre sur les braises et puis ces longs regards de braise, sa robe couleur fournaise et ton peignoir parfum lavande, le carrelage est tiède quand les mouettes s'évadent du papier peint il ne reste que le murmure de leurs ailes ou est-ce le bruit des vagues je me laisse bercer

je peins ces longues plages désertes où la bruyère est reine les mots n'y peuvent plus suffire

il y aurait tant à dire ;

les tubes, en éclatant, racontent des histoires multicolores

les mots sont en vacances mais l'histoire continue

Tes doigts décharnés, comme autant de rayons de soleil , dessinent sur le sable de drôles de hiéroglyphes ; tu me demandes de les traduire, j'ai encore du temps cette cabane est solide.

Le pêcheur lance sa ligne d'un geste souple et les arômes reviennent dans leur cortège de souvenirs ...

Raconte-moi encore une histoire, la dernière peut-être, tu es fatiguée, l'escalier craque sous les pas en caoutchouc la nuit épaisse a toujours le dernier mot

Je respire et j'écoute.

C'est ton parfum, grand-mère, il n'y a plus de doute il reste des croûtes de pain sur la toile cirée mais les mouettes sont parties, lasses de ce piètre océan

Le coffre s'est ouvert en grinçant et l'ancre est tombée sur le sol fracassant le plancher ; nous avons tous coulé dans les profondeurs de nos rêves ;

 

j'avais la fièvre et quand j'ouvrais les yeux je te voyais dans ta longue robe noire rouillée j'avais froid et chaud à la fois mais quand je m'éveillais, ta main sans relâche caressait mon front et ta source diffusait des histoires bleues fraîches comme les eaux des torrents

tu étais mon ancre en m'insufflant ton encre tu m'as tatouée de tous tes mots,

je n'ai jamais su si c'était un délire, un rêve ou si je l'ai vécu vraiment, en tous cas, en poussant la porte je retrouve les parfums, ton visage apparaît et je retrouve toutes les histoires bleues sur le papier peint où sont revenus les oiseaux, ils ont mangé les miettes de pain la braise est morte, grise et froide mais subsiste un parfum de lavande ; le carrelage est froid,

j'ai traduit les hiéroglyphes.

Je suis prête, grand-mère, pour raconter, à mon tour, des histoires bleues au chevet d' enfants fiévreux je leur ferai des pommes de terre en robe de chambre, je serai parfumée de lavande et les murs garderont le parfum du miel, nous coulerons encore dans nos histoires bleues pour peindre à chaque fois un morceau de ton ancre qui ne rouillera jamais plus

va ... repose-toi

(J.E. Mars 2020)

 

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