Partager Posté(e) 11 mars 2020 Le bus m’emporte en des contrées sauvages qu’aucune route empruntée ne saurait voir Ici ou ailleurs il y a toujours une voie menant vers ce nulle part où chaque pas nous porte Les barres d’immeubles défilent sur des sentiers mille fois battus si rares qu’il nous faut sans cesse en inventer les vies au risque de se perdre au fond d’impasses méconnues Derrière un muret de pierres grises l’herbe décharnée d’un sol sableux nuit gravement à l’espoir Jadis les enfants jouaient à la marelle ou bien aux billes J’entends encore leurs cris dans cette mer d’huile et les pleurs semblent se répercuter en un écho qui soudain m’assaille Il me faut voir pour comprendre voir les mêmes graffitis sur les mêmes murs les mêmes commerces éventrés aux rideaux d’acier muets à en devenir fou les quartiers aussi déserts que le Wadi Rum où s’égarent encore quelques rôdeurs qui feignent d’exister dans un présent amer les lèvres suspendues à un simple murmure Autrefois les rues étaient vivantes du vrombissement des moteurs les carrefours enclavés les trottoirs vibrant des passants occupés à battre le pavé J’ai cherché à saisir le cœur insondable des choses le sens de chaque pierre posée sur l’édifice un ordre quelconque qui eût pu m’éclairer sur un début de signification Car ici l’exil gagne du terrain et les ombres s’effacent Le tronc des arbres rabougris par l’abandon Je me demande quand tout cela a commencé Tout être recroquevillé tel le corps décharné d’un vieillard Sans que nul ne s’offusque du drame La procession s’enclenche rétrécissant l’espace qui nous sépare encore du temps de nos ancêtres Barrière impavide dans l’éternelle grisaille Le bus s’arrête Peu importe l’arrêt Celui-ci ou un autre Le silence des jours creux imprègne chaque parcelle d’abri dénué de toute présence A quoi bon descendre si ce n’est pour contempler l’absence Autant poursuivre le chemin qui me mènera en d’autres lieux Il me faudra errer des jours durant A la recherche d’un lien pouvant redonner cours aux choses Toucher les ossements de murs à l’agonie au sein d’immenses cathédrales Sinuer entre les canaux émaciés de toute veine meurtrie Suivre les colonnes d’éternité sous le ciel hivernal pour y trouver la paix 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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