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Les Lisières


N'Silina

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Les Lisières   

Il fait beau. La terre, le ciel, tout est revêtu d’une transparence bleutée, océane. Le temps retient son souffle…

Hier encore, dans les frissons d’hiver, l’odorante brume de mer où se mêlaient les effluves d’une mousseline de thé russe aux épices et au miel porté à même ta peau, hier encore, un homme dessinait sur le sable d’étranges signes bantous.

Tu es allée vers lui, restant un peu à distance, sa silhouette étrangement familière. Son beau visage sombre était un parchemin d’heures graves et de rires mêlés. Recueilli dans l’iridescence du vent et de la mer, tout emmitouflé de laine fauve et drue, il semblait s’adresser aux lisières du temps. Sa bouche sifflait, sinuait, crachait, fascinante, inquiétante, souple et si douce par moments.

L’homme qui savait la langue des serpents était de retour… Quel présage cette fois allait-il graver dans l’éphémère rivage, presque indéchiffrable et pourtant porteur de sens – miroir - simplement parce qu’il avait croisé le regard clair d’une femme chantant une ballade irlandaise sur la jetée ?

Il t’a laissée approcher, lentement, comme aimantée. Dans ce mélange de parfums de mer, de laine vieillie, dans son odeur de très vieil homme, quelque chose t’a fait frissonner longuement et c’était comme une fragrance de lait !

Il a planté longuement son regard dans le tien, plongé dans ton âme. Il a lu l’histoire de ta vie aux commissures de ta bouche, au filigrane de tes tempes. Puis il a parcouru longuement tes seins ronds qui palpitaient, tes hanches pleines, accueilli ton émoi, ton interrogation, ton espérance silencieuse qui déjà chantonnait dans la brise.

Il a attendu que tu t’apaises un peu, que tu prennes confiance. Tu t’es accroupie face à lui… Alors, il a entrouvert ses hardes usées par le vent, les années, et quelque chose a éclaté comme un soleil, comme un sanglot de rire et c’était le vagissement d’un nouveau-né que tu découvrais à présent dans la trouée du ciel, dans ce rai de lumière qui caressait son front duveteux !

Et là, infiniment lentement, sans quitter un instant ton regard, le vieux sage a déposé l’enfant entre tes bras…

Aujourd’hui il fait beau. La terre, le ciel, tout est revêtu d’une transparence bleutée, océane. L’enfant s’est endormi contre ton sein, et toi tu coules d’un amour infini…

Signes bantous.jpg

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