Partager Posté(e) 13 janvier 2020 Ah les soldes quel univers impitoyable je ne voulais pas y être mêlée, de près ou de loin, surtout en période de grèves où forcément il faudra monter la colline à pied parce que le bus n'a pas de chauffeur ; mais parfois on se trouve au mauvais endroit au bon moment, ou peut-être est-ce le contraire. Pour alléger ma conscience, il va me falloir avouer : je me promenais au gré du vent , le museau en avant, encline à l'aventure et je suis tombée en pâmoison devant un petit gilet noir dans une vitrine, j'adore le noir, je n'y peux rien et il m'a semblé que le prix était réduit, presque accessible et quand le coup de foudre vous tombe dessus on réfléchit beaucoup moins bien, la vendeuse avait des gargouillis c'était bon signe, il était presque midi, elle avait faim ; si je l'asticotais plus de dix minutes j'aurai sans doute une ristourne sur les soldes ; j'ai essayé le gilet il avait été fait sur mesure pour moi, je m'en suis emparée et comme il faisait doux je l'ai étrenné tout de suite ; tandis que la boutique fermait, que la vendeuse allait manger, je suis allée parader au parc j'étais si fière de mon nouveau gilet noir en plumes de canard… Il n'était pas pare-balles et quand quelque fanatique a tiré au hasard à travers les allées, je me suis affaissée … je crois que ce fut ma dernière pensée ce gilet noir en solde m'aura mise à mon avantage le jour de ma mort la photo du journal en rouge et noir m'a parue belle en diable et ils ont titré « une poète est morte, à midi quarante cinq dans le parc ; il semble que le mobile soit le vol … » C'est vrai, au-dessus de mon berceau, j'ai vu le mobile s'animer en musique avec un gilet noir et je me suis endormie, sans désespoir. (J.E. Janvier 2020) Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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