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Une voix venue du désert s’invite dans une chorale chantant la Saint-Sylvestre.


Ouintenabdel

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      Le prêtre, le buste droit, une croix pendue en sautoir à son cou, officiait. Les fidèles étaient tout ouïe. Un chuchotis s’élevait subrepticement du côté des stalles où étaient assis des enfants, tout de blanc vêtus. Ils se poussaient amicalement du coude, ils plaisantaient, ils faisaient en sourdine des remarques désobligeantes, presque méchantes à l’adresse de l’homme tout vêtu de noir et qui, d’une voix nasillarde, poursuivait son sermon, les yeux rivés sur son missel, posé sur un lutrin en bois de chêne. La main devant la bouche, un blondinet retenait son rire. On fit signe aux enfants de respecter les lieux et d’observer ainsi le silence. La voix de l’ecclésiastique s’éteignit.  Un bras tendu, pointé vers les stalles signifiait aux chérubins de se préparer à entrer en action.  Froufrou de tissu, bruit sourd. Les enfants se lèvent, quittent les stalles, se dirigent  à la queue leu-leu  vers le chœur, ils s’apprêtent à se  mettre à l’œuvre. Ils s’alignèrent devant l’assistance. On se concertait. Puis, ce fut le silence. Soudain retentit la voix des jeunes choristes, jaillissant comme un geyser et inondant toute l’église de son onde cristalline. Cristaux invisibles suspendus entre la pierre qui recouvre le sol et les voûtes imposantes s’arrondissant au-dessus des têtes recueillies. La mienne bourdonnait, j’étais comme frappé de paralysie. J’étais éberlué, ces voix qui résonnaient en chœur entre les colonnes de marbre, sous les voûtes arrondissant leurs arcs parfaits soutenus par une clef,  me ramenaient quelque part,  me rajeunissaient. Paradoxalement, de cet endroit si froid, si gris, si austère qui tranche avec la blancheur des visages et des mains des fidèles venus célébrer là la Saint-Sylvestre, je retrouvais avec moult émotion la couleur safran du désert, le silence de la pierre, le bleu immarcescible du ciel saharien. Je retrouvais ce lieu de culte perché au faîte d’une butte, tout  badigeonné de blanc, un blanc rutilant que l’éclat du soleil rend presque diaphane, ce lieu de culte où je me rends cinq fois par jour pour y prier mon Dieu, Puissant et Omnipotent.

     Cette chorale, c’était ce qu’on avait gardé pour la bonne bouche à tous ces fidèles venus fêter religieusement la nuit sacrée de la Saint-Sylvestre et parmi lesquels l’étranger que je suis s’était immiscé. J’avais été  moi-même enfant de chœur. Mais j’avais chanté d’autres louanges à l’adresse d’un autre prophète que je continue à vénérer contre vents et marées. Comme je voue gloire et amour aussi à celui que l’on célébrait ce soir dans ce lieu que je hantais sans y être convié et que j’avais donc l’impression d’encombrer de ma présence indue. J’étais le seul basané dans cet étang où des nénuphars s’épanouissaient. Je me surpris soudain en train de murmurer entre mes dents un air que je fredonnais quand j’étais môme. Étrangement cet air nullement cacophonique se fondait dans ces airs chantés à gorges déployées par ces enfants au teint lilial s’évertuant à montrer, ce soir, dans cette église toute vibrante, leur talent de choristes en herbe.

 

Modifié par Diane
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