Un matin d'or et d'encre

[Jean Luc]

Les senteurs créatrices embaument le vent bleu du ciel dès l'aube, tandis que l'eau boueuse du ruisseau s'égare hideuse sous la charmille et les voûtes faïencées du palace délabré.

Baiser d'eau d'Ys1 à la lumière tombante, cette aile blanche de la beauté, cette fine aiguille brodant dans la soie verte de ce paysage qui inspire le poète.

Près du moulin en roue, vieilles, les belles tétées, mangent les fleurs, les daines... Dans la prairie aux étincelles de pétales clairs, de coquelicots clairsemés, comme par magie un lys à sang d'or, aux ailes imaginaires et à peau de cristal de saphir pousse depuis mille ans, où le chardon à tête de Gorgone jonche le talus. Des mains de fumée couleur mousseron tordent ici le cou à la laideur.

La brème, la silène2, le pastel d'un soir, le jade herbeux et les ombres fines du matin. Des nus de brunes en ronde et de blondes en ronde croissent sous les peupliers en feu, s'attardant dans les champs de blé de la cueillette d'or, et s'endormant là où l'on sent que le souhait de l'eau du lac tranquille est de plaire au promeneur.

Phrase, quand j'écris tu es la plus belle d'entre toutes, chère muse!

 

 

1Ville engloutie d'une antique légende bretonne.

2Plante sauvage commune.