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Le mystère de la Mary Céleste


R-F Lefort

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Le mystère de la Mary Céleste

                             

 

A la lisière de mes pensées, un vaisseau

Sublime la brume avec ses cordées d’argent,

Les atours poétiques enivrent ce rondeau,

L’hiver est l’aumônier du Zéphyr pénitent.

 

 

L’archipel accueille l’intrigante goélette

Sans le moindre commandant derrière la barre,

L’élégance enrobe sa noble silhouette,

Satellite de la grâce larguant l’amarre.

 

 

Rosace millésimée au pourpre, la lune

Et ses rayons déflorent le sable meringue.

D’une tendresse charitable envers Neptune,

Le ciel soyeux paraît percé d’une seringue.

 

 

Battant toujours le pavillon de l’inconnu,

La Mary Céleste accoste ma citadelle,

Satan griffe l’auréole d’un matelot barbu,

La sagesse des légions limpides l’ensorcelle.

 

 

Révérence nostalgique, l’étoile murmure

Sur le pont où des sirènes audacieuses s’étendent,

La genèse de l’innocence ô créature

Revenue de la Cordillère des Andes.

 

 

Une rage volontaire éclot de mon sabre,

Le phare s’insurge malgré la clarté prochaine,

Je m’effondre sous la chaleur d’un candélabre,

L’horizon t’accompagne chère souveraine.

 

 

J’implore ces rustres spectres de l’équipage

Quand tantôt s’éveille le clairon de l’oubli,

L’intime légèreté préside un visage

Aux joues creuses évoquant Salvator Mundi.

 

 

Souffre l’ombre naissante du navire fantôme,

Sa voile s’élève comme un sinistre suaire,

L’amante éphémère s’invite contre ma paume,

L’antique visage de santal vocifère.

 

 

Les doléances marines heurtent Gibraltar,

Ton charme dévoué caresse les palines,

Le royaume des colombes t’offre son égard,

Mille nuées rayonnent, gourmettes alpines.

 

 

Perle fascinant l’abîme de l’océan,

L’armada fleurie d’or éventre le grand fond,

Sa brillance Atlantique chavire au couchant,

L’archange domine le vieux mât d’artimon.

 

 

L’antre bleuté depuis Mathusalem invoque

Le châtiment de la nuit, son psaume timide,

Notre vague esquisse l’écueil avec cette coque,

Son périple salutaire illustre l’Énéide.

 

 

L’éclair, sermon de Zeus, mutile les falaises,

J’admire sa luminosité seigneuriale,

Les douces Valentines attisent bien mes braises,

Un brouillard jasmin habite l’ancienne abbatiale.

 

 

Lorsque rêve la rosée devant Monet

Se délecte la volupté de mes délices,

Je courtise ta chair sous un bref triolet,

L’oasis azurée orne tes yeux complices.

 

 

L’ivresse torride du plaisir ressuscite,

L’amour bannit l’agonie sentimentale,

Ton corps imprégné de parfum créole m’invite

Pour béatifier l’extase tel un pétale.

 

 

Laisse ta nature converser à jamais,

L’élite des tourments épouse enfin l’errance,

Les clefs du crépuscule livrent leur secret,

Ton baiser porte le bouclier de l’offense.

 

 

L’agate romantique écume le récif

D’un regard ressemblant aux diamants d’Éden,

L’iris millénaire reste si impulsif,

Son seul cantique exalte nos deux cœurs, Amen.

 

 

R-F LEFORT (9/2/2012)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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