Partager Posté(e) 4 décembre 2019 (modifié) Est-ce possible que ce soit lui ? il me demande de le suivre et je n'ai pas le temps de lui répondre oui mais il portait sa politesse comme on glisse un couteau sous le manteau il m'entrouvre et j'aperçois sa lame sa langue est coupante et le frisson qui s'immisce a le goût du froid qui traverse les côtes il me faudra grimper le dernier raidillon avant de voir un sommet Ses gestes sont brusques et mon col est froissé désormais il n'y aura pas de préambule Et il me tend son viatique en riant en braquant ses dents qui sentent le tabac fumé et l'alcool mal aimé "Je te présente ton voyage initiatique une pièce de monnaie la tête du roi ou celle du fou à toi de jouer" Et c'est l'enfer qui descend dans ma gorge sans écho, sans soutien celle que je gardais précieusement et qu'il vient tailler sur mes parois arrachant mes diamants qui après tant d'années commençaient à remonter me voilà sans voix et dénudée perdue, sans planche de bois pour asseoir mes pieds La Terre et le Soleil seront-ils les derniers fleuves qu'il me sera donné de voir ? Leurs têtes brunes et dorées sont près de moi trop près de moi c'est un fou qui vient rouler ma vie dans ses flots je pose une main sur mon visage pour masquer l'empreinte qu'il vient d'y laisser j'aimerais tellement qu'elle me recouvre entièrement je deviendrais mais mes souvenirs s'accrocheront toujours à quelque chose que je connais des barreaux qui me retiennent tout comme lui un vieux balcon et son cordon et dans mes yeux les sales grues défilent, le sale gosse pleure où sont les oiseaux et les bateaux qui flottent ? me voilà désorientée Puis je m'écarte pour le laisser passer et je suis clouée sous le plancher qui craque il ne m'aura pas fallu longtemps je ne connais plus les coordonnées de mes pensées mes yeux s'assoupissent, se plissent il n'en fallait pas plus pour que je me pisse dessus ils arrivent aurais-je trop bu de ce vin ? les cardinaux m'orientent différemment ils quittent leurs habits rouges, qu'ils jettent devant eux pour en faire un tapis de velours et je danse sur leurs braises ils portent leur main autour de mes courbes, mon cou je respire ce poison bleu je bois cette larme de liqueur qui traverse les temps dans leur brillant c'est pour cela n'est-ce pas qu'il faut aller au fond de la caverne ? Une mandibule sur le bord d'un appui la fenêtre s'éteint peut-être dans dix mille ans Ils m'appelleront Eve mais je ne répondrai pas échec au roi c'est un fleuve qui me charrie c'est un roman qui n'en finit pas une histoire avec une écharpe et un chapeau parce qu'il aimait les mots et flûte ! Modifié 5 décembre 2019 par Diane orth. 3 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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