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Confession d'un enfant perdu


Marc Hiver

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D'une jeunesse bien pourrie,

Mon existence — un vrai calvaire —

Attend la fin de sa partie

Pour se reposer en enfer.

 

Abandonné à la naissance,

Je fus en familles d'accueil

Martyrisé dès mon enfance

Dont je fis très vite le deuil.

 

À dix-huit ans, je rencontrai

L'amour que je crus éternel.

Capote trouée, j'engrossai

Cette fille au teint d'asphodèle.

 

Elle mourut en couche au terme

D'une contraction délétère

Et, salaud, laissais le soir même

Choir l'enfant sans père ni mère.

 

je sombrai dans la dépression,

Me sentant vil, désemparé,

Je devins junky. D'occasion,

J'achetai pour pétarader

 

Un scooter qui m'a transporté

Dans des transes de peu de joie.

J'appris que secoué, le bébé

Périt sans savoir qui ou quoi,

 

For cette poisse quotidienne

De n'avoir pas été aimé

Par la mère morte, et d'obsidienne

Au cœur du père dévasté.

 

Alors j'ai épousé la rue,

Dormant dans un lit de misère

Avec toujours les flics au cul

Puisque j'occis quelques douairières.

 

Parfois je rêve à l'Ophélie

Douce qui d'un chaste brasier

Me délivrera à l'envi

Sa tendresse en cet apogée

  

D'une passion où malgré tout,

Finissant par la suicider,

Son destin poussera au trou,

En l'enterrant, notre hyménée.

 

Je suis seul et désespéré !

Y a-t-il quelqu'un pour m'aimer ?

Une femme, même mure et

Prête sans fard à mes côtés,

 

Soulagerait dans l'éphémère

De ces affres fornicatoires

Les odyssées de son Homère

— Garanties glauques et sans gloire ?

 

Comprends qu'un poète maudit

Est un amant épouvantable

Qui floutera tes ressentis

Quand lui ne se mettra à table !

 

Tu vois, toi qui me lis en pleurs,

Plutôt que de chialer, regarde

Comme sortant de ma torpeur

Je te jouerai de la guimbarde.

 

Je t'ensorcellerai de mots

Pour piquer ton blé à tes hoirs,

Quand t'aurai allégée du flot

De ma folie comminatoire.

 

Je finis mes jours en prison

Où une horde de sodomites

Avec l'aval de nos matons

Ne sait où donner de la bite.

 

Visiteuse, viens au parloir,

Je te conterai d'aventure

Comment ôter les blancs du noir

D'une compassion qu'on capture.

 

Voilà l'histoire sordidos

D'un être au bord de son néant

Et qui ne peut crier : Adios !

Tant qu'il demeurera béant.

 

                      ***

 

Toi qui n'aimes pas le grotesque,

Tu ne connais pas la vraie vie

— Rires et mort sans arabesque —

Si ce n'est celle qui nous lie !

 

Modifié par Marc Hiver
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