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J’ai pris la route vers Monflanquin


Thierry Demercastel

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J’ai pris la route vers Monflanquin

J’ai pris la route vers Monflanquin.

Dans mon sac à dos, j’ai mis le sourire d’un clochard, que j’avais entassé au fond d’un vieux carton, des assiettes en plastique bleu qui n’ont jamais servi, quelques mots ramassés derrière un mur de pierre, dans les herbes couchées, puis un livre de pages blanches dont certaines sont déchirées.

Dans ma poche, un caillou aux contours désordonnés que je serre souvent très fort dans ma main.

Il y a de temps en temps des gens qui me regardent passer dans leurs habits clairs. Ils ont tous le même regard, comme celui que me renvoie le reflet d’une vitre. Parfois ils me saluent, d’un geste de la main, puis quand je me retourne, eux ne se retournent pas.

J’ai pris la route vers Monflanquin que je ne connais pas.

Mon sac à dos est lourd, j’y ai mis tant de choses, j’y ai mis le bruit d’une vague qui sans cesse chante, des nuages blancs puis noirs, des jours de pluie à t’attendre, toi que j’attendais, trois sourires, pour m’en nourrir, le matin le midi et le soir, notre première rencontre que j’ai roulée dans un morceau de soleil, puis attachée avec un long filet de larme, ton ventre où j’entendais battre deux cœurs, que j’ai mis en dernier avant de refermer le sac.

J’ai emporté aussi nos éclats de rire dans un pot en verre, avec des trous sur le couvercle, pour qu’ils respirent. Je les regarde souvent, assis au bord de la route, à travers le verre, danser comme des herbes folles qui brouillent mon regard.

Il y a aussi un ticket de métro, au fond d’un tiroir dont j’ai perdu la clef. Je me souviens l’avoir accroché à un souvenir, dans une maison, une pièce aux murs bleus dont la fenêtre donnait sur le passé, je me souviens d’un immense ciel orageux, d’un silence derrière le fil du téléphone qui se balançait entre deux maisons.

J’ai pris la route vers Monflanquin, dans ma chambre, dès ce matin.


 

 

PHOTOS SURRÉALISTES DE TRINI SCHULTZ

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