Joailes 3,074 Posted November 7 Les poètes d'automne disent les écharpes de laine qu'ils tiennent d'une main sur leur gorge frileuse ; soufflant entre leurs doigts des mots de porcelaine sur des papiers de soie à l'écorce délicieuse ils racontent les légendes qui vivent dans les brumes, les couloirs solitaires où le soleil n'offre qu'un rai ; ils savent ces instants où s'affolent les plumes quand le silence ressemble à un hurlement muet. C'est la saison du bois ; dedans, dehors, il exhale son souffle sous leur nez ébahi ; les poètes souffrent de mille morts, peut-être de mille vies les feuilles sont tombées, de pourpre et d'or les arbres noirs seront bientôt blanchis. Et s'il est, quelque part, au fin fond de la nuit, ce parfum de brûlis comme celui de la mort, ils le sentent en leur ventre torturé de mille vies et, de l'autre main, ils écrivent encore. (J.E. Novembre 2019) 10 Share this post Link to post Share on other sites
Eobb 339 Posted November 7 Quel délicieux poème qui parle si bien des poètes, des images qui bercent ma soirée et mon âme, des doigts délicats, fragiles, en pleurs qui continuent d'écrire, magnifique Share this post Link to post Share on other sites
Yguemart 613 Posted November 7 @Joailes Un cœur inévitable pour ton texte. Share this post Link to post Share on other sites
Jean Luc 31 Posted November 7 (edited) Un beau poème sur l'automne que le poète ou la poétesse sait magnifié Edited November 7 by Jean Luc Share this post Link to post Share on other sites
Aubussinne 371 Posted November 7 Comme vous décrivez bien le désir d'écrire qui gagne, enivre aux premiers frimas obscurs. C'est la flamme du poète avant celle du foyer. Share this post Link to post Share on other sites
Gilliatt 524 Posted November 8 Bonsoir @Joailes, J'aime beaucoup ce poème boisé aux parfums d'Automne, la poésie et les poètes font flèches de tous bois... Share this post Link to post Share on other sites
Seawulf 821 Posted November 8 Il y a 10 heures, Joailes a dit : ils racontent les légendes qui vivent dans les brumes, les couloirs solitaires où le soleil n'offre qu'un rai ; ils savent ces instants où s'affolent les plumes quand le silence ressemble à un hurlement muet. Magnifique poésie. Les mots sont de flanelle et la plume de velours. Share this post Link to post Share on other sites
Diane 989 Posted November 8 Il y a 12 heures, Joailes a dit : ils racontent les légendes qui vivent dans les brumes, les couloirs solitaires où le soleil n'offre qu'un rai ; ils savent ces instants où s'affolent les plumes quand le silence ressemble à un hurlement muet. Oui ce passage est très chouette joailes et vivement l hiver pour en lire d aussi beaux ! Share this post Link to post Share on other sites
ouintenabdel 179 Posted November 8 Tout est savamment réfléchi dans votre superbe poème où le poète semble être assimilé à la parturiente : « ils le sentent en leur ventre torturé de mille vies ». L’écriture, cet acte qui se fait dans la douleur (« les poètes souffrent… « ventre torturé de mille vies… » s’allie à la nature automnale, à la fois grouillant de vie et plongée dans le silence, un silence de mort. Je ne peux ne pas signaler ces deux oxymores « hurlement muet », « ce parfum de brûlis » qui illustrent parfaitement cette opposition sur laquelle est construite votre très beau poème : la vie opposée à la mort: la douceur : « délicieuse » opposée à la souffrance : «frileuse », « souffrent ». Un grand coup de cœur amplement mérité. Share this post Link to post Share on other sites
Guest Posted November 8 Très beau flot de vers, merci pour ce partage. Share this post Link to post Share on other sites
Jean-Baptiste Fouco 232 Posted November 8 Superbe poésie d'ors et de brumes, un univers que j'adore, merci pour l'émotion Share this post Link to post Share on other sites
Marc Hiver 1,098 Posted November 8 @Joailes, Tu prends tous les risques avec le thème de l'automne (vivement l'hiver et son blanc manteau) et tu réussis le tour de force d'entraîner plus loin le relais ! Joëlle, tu m'épates, mais tu m'épates ! Et pour qui le petit coeur à grignoter très tendrement au coin du feu ? Share this post Link to post Share on other sites
Jeep 633 Posted November 8 Je relis plusieurs fois votre poème et j’ai déjà l’impression qu’il est classique, que les enfants des écoles doivent l’apprendre en récitation, que les peintres doivent s’en inspirer pour dépeindre l’automne et les musiciens pour le mettre en musique. Share this post Link to post Share on other sites
Natacha Felix 964 Posted November 8 Superbe @Joailes ! J'en suis coite, alors je dis "pareil que Marc Hiver et Jeep réunis"... Share this post Link to post Share on other sites
Gabriel Montigny 1,331 Posted November 8 Pour une fois je reste sans voix mais pas sans cœur. Share this post Link to post Share on other sites
Mohand 228 Posted November 9 Un regard et une communion avec la nature. Share this post Link to post Share on other sites
Eathanor 2,266 Posted November 10 Pfff... Que dire sans tomber dans ce qui paraîtrait des superlatifs ? Juste que je reviendrai bien sur, dès que mon stock de réactions sera renouvelé. Share this post Link to post Share on other sites