Partager Posté(e) 12 octobre 2019 Que je me greffe un masque ou me bande les yeux Avec ces mains criblées par les dards de la pluie, Que j’appelle mon nom dans les échos venteux, Je me sens assailli par un double ennemi. Je cherche les traces de mes nuits en cavale Que je n’ai pas vécues car je n’étais pas là. Ces heures d'insomnie où quelqu’un est en moi, Un étranger issu de mon miroir ovale. Dans un tourbillon de feuilles décapitées Par la hache du temps, ce bourreau sans émoi, Le regard caché par des ombres amassées, Cet autre en moi murmure en imitant ma voix. « J’arrive de la rive où chutent les étoiles, Où des vaisseaux échouent emmêlés dans leurs voiles, J’arrive de l’abîme où des aveugles pleurent A chercher les lueurs d’un vieux soleil qui meurt . Je suis cet être nu au fond de ta détresse, Un inconnu couché dans l’antre de ta peur, Celui que tu as fui dans ta prime jeunesse Quand il fallait choisir lequel serait ton leurre. Celui que t'a offert cette rude existence Entre les rais des ans dans leur déliquescence, Ce migrant enchaîné aux portes d’une ville Qu’il ne pourra quitter pour parcourir les îles ». Ses mots se sont perdus dans un silence aigri Comme un amer reproche à celui que je suis, Je le sais maintenant, quels que soient mes détours, Un étranger me suit à chaque fin du jour. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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