Partager Posté(e) 6 octobre 2019 (modifié) L'heure est venue. Je connais un chemin où un pin géant s'abreuve dans la mer, tordu, brûlé de l'inconscience des hommes ; il a connu tous les vents sans rien demander à personne, il siffle en dialecte de vieilles légendes. J'enfile mon ciré, il faut que je le rejoigne, c'est le signal de pleine lune, le ciel la porte avec respect, comme ces madones oubliées ; le chemin est inondé, je porte ma plume comme une croix, je trébuche sur de vieilles souches. J'aime, en ces instants, la solitude. Suis-je là-bas, suis-je ici ? Cet arbre a eu des frères qui m'ont toujours aidée ; ils étaient bras, ils étaient lèvres, j'y ai souvent puisé ma fièvre sur d'autres mers. Là-bas. Ici. J'étale mon sac de couchage sur ses aiguilles et je m'allonge sur ses racines ; un peu de poudre de perles et de pins, ça y est je suis devenue toute petite, invisible, il me prend dans ses bras, me berce doucement, je respire la terre et l'eau. Je suis libellule, poisson, coccinelle et papillon. La lune sourit à travers mes paupières, le marchand de sable récupère ses cristaux au fond de mes yeux, je n'ai plus sommeil, mais quelle belle insomnuit ! Demain, dès l'aube je serai comme neuve. Lui sera toujours le même, tordu, brûlé de l'inconscience des hommes, penché sur la mer où il s'abreuve. (J.E. ) Modifié 6 octobre 2019 par Joailes Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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