Partager Posté(e) 4 octobre 2019 (modifié) Comme souvent, les soirs où tout chavire, j'enfile un ciré jaune, comme si j'allais affronter l'océan, je n'ai même pas besoin de siffler mon chien, il me suit, il sait où je vais, où je respire. On aurait pu vivre ensemble, sur une péniche, dans une niche, si seulement le vent soufflait dans la même direction. Je marche pieds nus sur les galets et sur le sable, le vent en poupe. Je savoure les moules, les huîtres et le poulpe. J'aime bien le jaune de mon ciré, comme un soleil, ici ça fait rire, mais moi, je sais que sur l'océan il n'est pas inutile, ici on hurle des fois tellement le soleil tape fort, et là-bas, on avale tellement de vent ! Tout ce bleu à hurler. Tout ce gris à vomir. Tout ce temps à t'appeler. Tout ce temps de souvenirs. Et puis choisir. Tout quitter. Et l'océan, si loin de la mer, me fait encore des promesses. Alors je plonge et me noie avec mon ciré jaune, parce que je ne sais pas affronter la tempête. Mon chien me regarde en pleurant de l'autre côté de la rive. Moi aussi je pleure, trop de bleus, trop de gris. Je ne me souviens même plus si je lui avais donné à manger en partant, ni même, si, en levant la tête, je vois la mer ou l'océan. Je me souviens d'un chien et d'un ciré jaune. (J.E.) (photo : peinture acrylique Patricia Debuchy ) Modifié 4 octobre 2019 par Joailes 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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