Partager Posté(e) 30 septembre 2019 Les hommes n’en dorment plus Ils s'entassent dans des rangées de couloirs, Blocosse de béton en contrefort du monde. Les écrivains inclinent la tête, chemise de col froissée Autour de feuilles racornies, tandis que leurs dents ruminent Entre leurs fronts ridés et leurs joues creuses. Le visage du poète est le plus beau et le plus triste. Il parle aux cages des escaliers, aux paliers des immeubles, aux oiseaux de liberté Attentif aux autres et aux choses, il écoute Les cornes hurlantes dans la rue et l'écorce brune dans les jardins Rempli de leurs iotas, il se dit Que les mots sont des porcelaines ? Profond est le puits. A la surface s'alignent Des perpendiculaires et des arrondis. Et le poète n'attend rien, sans armure A la plume folle où le vent s'affole. Son alphabet s'épuise, majuscules et minuscule, Ses doigts brûlent, mondes rétrécis. S'il voyait ce visage d'enfant, Cherchant ces vers entre les pierres et les feuillages Le cheval les donnerait à l'homme. Il en a besoin, pour dire vrai L'animal le sait Nous pourrions alors dormir un peu Repus comme des marcheurs d'impossible, aussi têtus Que des annonceurs de rêves ou de mots inversés. Des mots différents aux questions sans exclamation Qui laisse la bouche ouverte et laisse perplexe A découvert sur la terre de feu. Des mots sans murs et sans parois, Raisons de toutes nos adresses. Mais la poésie est maintenant secrète, Les oiseaux aussi se sont cachés, Un rideau lourd cache le ciel, Les politiciens et les mécaniciens de l'économie sont au travail. Et le poète, réduit à sa mélancolie, Pleurant encore son sort, Ecrit, à la fracture de sa main réduite Le monde est un canard. 1 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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