Partager Posté(e) 22 septembre 2019 *** Et voilà que j’arrivais avec ma boîte de nuit vide, ma brume, ma grisaille, mon pavé mouillé et mon réverbère.(Marcel Carné) Il arrivait de la coloniale il était plutôt sale il nageait en ses yeux un trop-plein de trop-vu mais qu'est-ce qu'il était beau ! Elle était là, dans l'arrière salle avec des larmes pleins les yeux elle aurait dû se faire la malle avant la guerre mondiale mais qu'est-ce qu'elle était belle ! Dans ces clairs-obscurs Prévert est arrivé avec sa poésie ils avaient de si beaux yeux, tu sais, profonds comme la brume lui, les yeux baissés elle, les yeux levés et la même lumière pourtant Je suis toujours bouleversée par ces regards. Je sors du cinéma, les yeux pleins de larmes, et je vais traverser quand un beau gabin* me retint par la main « attention, ma p'tite dame … c'est rouge ! » Et zut ! Je n'ai pas les yeux bleus ça n'a pas fait comme dans le film, j'avais un ongle incarné et lui la tête de mon oncle réincarné ; alors j'ai bafouillé « t'as d'bons yeux, tu sais ! » Et puis avec cette putain de brume, sur ce putain de quai je me suis trompée, me suis retrouvée dans la cabane au bord de l'eau j'ai fait marche arrière, j'ai tout rembobiné, et j'ai mis pause sur la scène de ces regards où passait la lumière à côté de moi y'avait Prévert et un certain Marcel alors j'ai eu les yeux bleus et là, j'ai cru aux miracles. Gabin pouvait se pointer. (J.E. Sept, 2019) * gamin dans le texte, mais je suis enrhumée ... 2 Lien vers le commentaire Partager sur d’autres sites Plus d'options de partage...
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