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Romans de rien


Joailes

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Hier soir, j'étais couchée. Évidemment, ceci n'a rien de très intéressant, je suis bien d'accord. N'importe qui a pu être couché, hier soir, à un moment donné.

Mais, des fois, c'est comme ça qu'on écrit un roman. A partir de rien.

Donc, je continue. J'étais couchée et je comptais le nombre de moutons sur cette tapisserie stupide que m'imposait mon propriétaire.

D'aucuns, bêtement, m'avaient dit en bêlant que c'était excellent pour les insomnies et, au début, j'avais bien voulu les croire.


 

Je venais d'emménager dans mon premier appartement à moi toute seule, c'est important, quand même !

Le loyer n'est pas très élevé, mais, par contre, l'étage … oui.

C'est vrai qu'en arrivant au vingt-troisième étage, j'étais heureuse comme jamais, surtout de ne pas avoir oublié la clé.

Je pensais que les droits d'auteur de mon premier roman serviraient à fabriquer un ascenseur.

J'en avais dessiné un aussitôt sur le mur de l'entrée, un tout simple avec une belle cage dorée.

Je devais me mettre rapidement au travail.

Isolée dans ma tour tour d'ivoire, j'écrirai sur la laine des moutons noirs au moins un roman par soir.


 

Je m'étais couchée tôt pour avoir le temps de dormir un peu, une fois tous mes chakras débouchés.

J'avais calculé le temps.

J'avais compté environ vingt-trois moutons lorsque la sonnette retentit.

Personne ne me croira, mais sur le palier, je vis mes vingt-trois collègues de bureau, venus, disaient-ils, « pendre la crémaillère ».

Ils étaient tous déguisés en mouton et je m'aperçus qu'ils se mélangeaient dans la tapisserie, il y en avait vraiment partout, ils sortaient et entraient sans se toucher, comme des morts vivants ; ça sentait le soufre et la cire des abeilles, peut-être était-ce un de ces cauchemars que je faisais souvent, enfant ; quand je m'endormais sous l'haleine des troupeaux, auprès de mon père, le berger …

Bon, je ne vais pas raconter la suite, sinon je ne vendrai jamais mon bouquin, m'a dit le bouc.

Mais quand même, avouez que d'un rien, on peut faire un roman très facilement.

(J.E - Petites histoires ordinaires)


 

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