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Regrets éternels


Joailes

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Il a brisé les chaînes qui le retenaient quelque part où il ne voulait pas être, il s'est senti léger soudain, comme une plume sur une aile de vent, qui se laisse bercer ; comme une feuille d'automne, doucement, avant que de retomber durement sur le sol.

Bientôt la plume devint chaîne, la feuille devint chêne, de plus en plus lourde et il revint à son point de départ, enchaîné à son encrier et à sa plume, avec un bol d'eau fraîche et si peu d'amour, comme un chien abandonné, attaché à une chaîne au tronc d'un chêne ou sur le dos d'un roseau.

Il écrivait du fond de ses grands yeux, prisonnier à jamais des mots impatients qui voulaient sortir, sans l'aide de sa bouche.

ô la pression de ses doigts sur ce porte-plume fatal !

Il a regretté ensuite, mais il est vite trop tard ; devant la vitrine du bazar, quand il était petit garçon, il n'aurait pas dû taper du pied, il aurait dû choisir un sifflet ou un sachet de billes, maintenant il est trop tard, et sa mère lui a fait payer cher son caprice d'alors, si semblable au sien : « tu seras écrivain, mon fils, ou rien. »

Finalement, il ne fut rien, même pas furieux, même pas heureux, rien.

Il fut occis, puis mort dans un silence assourdissant.

 

A quoi ça tient, une vie …

A rien, à tout, peut-être juste à un oxymore,

à un caprice idiot pour des rêves en kaléidoscope, dans les couleurs d'un porte-plume étincelé au soleil, dans la vitrine d'un bazar où les yeux morts de sa mère sont à jamais incrustés. 

(J.E. Petites histoires ordinaires)

 

 

Modifié par Joailes
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