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Blues du dimanche soir


Joailes

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J'attendais par 30° à l'ombre de je ne sais plus quels arbres chialeurs l'autobus orange qui devait me ramener à mon point de départ, c'est à dire nulle part, après une belle après-midi au soleil au square où les pigeons roucoulent et coulent à qui mieux-mieux.

J'avais écrit quelques calembours sur mon carnet, des trucs sans importance, dessiné des statues impassibles ; je ne voyais personne et nul ne me voyait.

C'est dimanche, le compte à rebours a commencé.

L'autobus a pointé son nez je suis montée j'avais un ticket avec le chauffeur, mais il était tellement laid que j'ai eu peur, je suis allée m'asseoir au fond, tout au fond et j'ai fait semblant de m'absorber dans la lecture d'un buvard où quelques hiéroglyphes subsistaient après un renversement d'encrier.

Je croisais par moments son regard lubrique dans le rétroviseur, aussi quand un passager aux allures bcbg, comprenant sans doute mon désarroi, me prit par le coude, je ne résistais pas nous descendîmes à l'arrêt suivant il faisait encore jour il m'a offert un café place du monument aux morts et nous avons parlé, il était représentant en confitures je n'ai pas résisté « vous avez de la mûre ? » il a souri. C'est là que j'ai vu ses crocs de vampire alors je suis allée aux toilettes et suis sortie par une porte dérobée comme une voleuse j'ai pris ma vitesse de pointe et suis rentrée chez moi bien fatiguée je hais le dimanche il y avait une inondation quelque part ou c'était mes larmes qui coulaient en tous cas j'étais trempée jusqu'aux os comme on dit dans les cimetières les jours d'orage. Ce ne fut pas une bonne journée, j'avais perdu mon carnet quelque part entre le square et nulle part.

Je hais le dimanche. 

Le vent s'est levé, soufflant comme un fou, il n'était pas content c'est évident et je revoyais les dents du chauffeur de l'autobus orange, jaunes et celles du représentant, rouges ; je suis allée brosser les miennes, j'ai donné quelques croquettes à mon tigre qui faisait ses griffes sur la tapisserie en toile de Jouy et me suis endormie. Demain, c'est lundi.

Je hais le lundi. 

(J.E. Petites histoires ordinaires – août 2019)

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