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Cosmic love


Marc Hiver

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Cher(e)s ami(e)s, 

 

Voici un extrait de mon dernier manuscrit de roman satirique SF : Un Mort dans les étoiles. Sinon je vous propose le recueil des poèmes de ma saison 1 sur Accents poétiques : Poésie de printemps et d'hiver.

 

Recueil de mes poèmes postés sur Accents poétiques

 

  (Flip book à lire en plein écran. Table des matières interactive. On peut tourner les pages comme sur un livre papier !)

 

Je me retirai avec Miss Catherine, dans une des cabines de repos, à l'arrière de l'aéronef. Elle était spacieuse, les murs recouverts d'une mousse épaisse Bleu de Klein, une couleur qu'affectionnait particulièrement Catherine, comme elle me le révéla. Je n'ai jamais compris pourquoi on appelait les bleus « couleurs froides ». En tout cas, mon amie et moi nous mîmes à l'aise, la chaleur de la chambre invitant à une chaste nudité ne tenant pas complètement à la teinte des parois.

 

Je lui décochai quelques singeries dont elle rit de bon cœur. Alors, elle tourna autour de moi pour m'agacer, me titillant de mille niches et je lui baillai quelques cajoles, des gestes sucrés accompagnés de paroles qu'il sied de dire quand on aime. Tout en attisant le feu, nous sentions qu'il fallait moduler nos ardeurs par l'usage contrasté de diverses harmoniques, appogiatures, et figures contrapuntiques.

 

Loin des géants de l'étoile du Becquet, berceau de nos premiers ébats, je constatai que ma belle avait recouvré un calibistri mieux proportionné à son anatomie. Quant à moi, mon braquemart enraidi, revenu, certes, à plus de modestie, n'en affichait pas moins, une fois libéré de sa braguette claustrale, la noble fierté raisonnable de son état propice à de joyeux et subtils entrelardements. Mais, je l'espérais, notre deuxième rapprochement ne s'affranchirait pas des généreux sentiments de l'amour, partagés par deux êtres se fondant dans une bonne asymétrie d'architecture des corps et de l'esprit.

 

Qui de nous deux prit l'initiative d'actionner le mode apesanteur de notre cabine pour un cosmic love ?

 

À l'ère préhistorique de la conquête de l'espace, et sur un plan strictement physiologique, rien n'empêchait un couple de se livrer à des ébats amoureux. Mais à quel prix ! Au début d'un séjour en apesanteur, les fluides sanguins migraient du bas vers le haut, provoquant l'apparition de symptômes tel un visage bouffi pas très sexy.

 

Bien sûr, au bout de quelques jours, ou plus, suivant les organismes, la situation avait tendance à rentrer dans l'ordre. Mais durant cette période, point d'érection possible puisque les corps caverneux de la verge n'étaient plus irrigués.

 

Techniquement, l'apesanteur complexifiait les rapports puisque le moindre « changement de direction » n'est pas stoppé. Mais l'imagination humaine débordante pouvait circonvenir cette difficulté basique. Au-delà de la considération purement médicale, des questions conjointes se posaient, par exemple la pression sanguine diminuant dans l'espace. Les choses rentraient ensuite dans l'ordre… certains astronautes ayant reconnu s'être adonnés à des masturbations spatiales.

 

Pour faciliter les étreintes en lévitation, les Russes, qui répondaient toujours présents pour expérimenter tous azimuts, avaient mis au point une combinaison spéciale pour régler les problèmes d'érection des cosmonautes. Cette combinaison, baptisée Chibis consistait en un « pantalon » afin d'accélérer la circulation du sang jusque dans les jambes grâce à un vide d'air, avec le résultat escompté : une verge prête au service ! Cependant, le procédé se révéla si violent que l'impétrant s'évanouissait souvent avant même d'avoir entrepris les manœuvres d'approche. En fait, il aurait fallu un double pantalon aménagé spécialement, ce qui ne favorisait pas les émois romantiques.

 

La NASA américaine de l'époque avait conclu, après quelques expériences, à l'impossibilité de la position du missionnaire, mais fort heureusement, à l'adéquation d'autres postures sous réserve d'utiliser quelques appareils et des ceintures spéciales Doggy style.

 

Mais aujourd'hui, c'est sans compter sur la plasticité physiologique dont nous a doté l'évolution. L'homme y jouit d'une faculté télescopique souple-dure qui lui permet à distance de viser l'entrejambe de sa compagne, puis, comme un pêcheur joue de son moulinet, de rapprocher l'objet de son cœur contre le sien. Mais, tout aussi bien, la femme émule un ahan vaginal entraînant son partenaire tout prêt de son intimité. Rien n'empêche donc, quand les deux amoureux se connaissent mieux, d'y aller de l'un et de l'autre, alternativement, ou conjointement pour des copulations pleines de cette poésie de l'espace qui nourrissent notre imagination. Et comme il y a plus d'un temple où sacrifier à Vénus, et suivant les orientations sexuelles de chacun, toutes les combinaisons s'offrent aux amants, grâce à une aspiration bilatérale chez les femmes et une variation yin et yang chez les hommes. Ainsi deux amazones peuvent s'aspirer mutuellement, au moins pour assurer un rapprochement avant toute mignardise ; deux machos s'adonner à toutes sortes de circonvolutions. Quant aux tête-à-queue et têtes à cul... mais alors là, seule la plume d'un Ovide dessinerait tous les contours d'un nouvel Art d'aimer.

 

Moi, je ne voulais pas nous arrimer trop rapidement et je pense — mais j'espère ne pas me tromper — qu'elle souhaitait que nous profitions pleinement du temps qui nous était imparti avant notre atterrissage. Devançant son désir, j'usai de ma queue télescopique, non pour percer son quant-à-soi, mais par un contournement, pour l'enserrer autour de la taille et, comme un yoyo, ce jouet le plus ancien du monde après la toupie, initier un ballet charmant.

 

Quand mon sexe, équipé de ses deux masselottes qui solidarisaient le moyeu, toupinait suffisamment vite, il se dégageait de l’effet de la force centrifuge, conférant à mon yoyo débrayable la possibilité de tourner en roue libre. Cela augmente, certes, la difficulté d’utilisation du jouet, mais quel plaisir et parfois quels fous rires nous en tirions ! Il fallait réussir à faire adhérer la « ficelle » au pivot à l’aide d’un mouvement sec des reins pour qu’il remonte.

 

Nous ouvrîmes le volet d'acier qui occultait la baie vitrée panoramique de notre cabine et, plongés au cœur de la Voie lactée, dans le système solaire qui nous rapprochait de notre destination, nous n'étions plus que deux minuscules étoiles irradiant de leur désir en expansion. L'apesanteur, lit douillet tridimensionnel, invitait nos corps à des ébats insensés et infinis, loin des fantasmes qui avaient dû préluder aux maladroites escarmouches de ces scaphandriers des premiers tâtonnements intersidéraux.

 

Nous, nous volions dans notre espace amoureux, nous jouions de toutes les possibilités offertes par notre plasticité physiologique, sans pour autant rechercher je ne sais quelle performance qui n'avait plus cours à notre époque où la découverte de l'autre, à l'instar de toutes les découvertes humaines, prime sur les formes de possession des enfers compulsifs des usages immémoriaux.

 

Nous jouissions de ces instants et, déformant le sens des phrases que nous échangions tout au long de nos arabesques, nous permettions à nos corps de s'évader de leur esprit, donnant ainsi une signification épurée aux mots de notre tribu. Et qu'est-ce qui conférait au temps son apparence de continuité ? Car nous souhaitions que notre mémoire s'émancipe de cette interprétation factice de la durée des choses de la vie.

 

Modifié par Marc Hiver
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