~ Les commentaires sur les sujets sont uniquement visibles des membres de notre communauté ~
Rechercher dans
  • Plus d’options…
Rechercher les résultats qui contiennent…
Rechercher les résultats dans…

Doit contenir au moins 3 caractères.

Aller au contenu

Par les massifs des Pyrénées


Marc Hiver

Messages recommandés

jo-musique.jpg

 

 

Par les massifs des Pyrénées, tout là-haut, habitait Ramuntcho*. Portant son fusil en bandoulière, il allait partout, la mine fière. Guettant dans ses traquenards les sangliers comme les loups, Ramuntcho, c'était le roi. De la montagne, il était le roi ! Mais sa couronne il la partageait avec le dernier ours des Pyrénées.

 

Dans la vallée, il faisait la loi. Aussi les bergers lui demandèrent de les délivrer de cet ours brun qui les narguait.

 

Car l'ours des Pyrénées, il était malin. Mais souvent dans sa grotte, en contrebas d'un promontoire, ce royal ursidé déchu et solitaire sombrait dans la mélancolie.

 

Car les ours avaient été nombreux dans les Pyrénées depuis des centaines de milliers d'années. Ils vivaient tranquillement sur les versants français et espagnol, chassant quelques brebis et parfois sacrifiant par droit régalien un berger afin d'affermir leur couronne !

 

Dans les Pyrénées, ils possédaient une place symbolique, puisque le culte de l'ours est attesté à travers les divinités du Panthéon pyrénéen associées à cet animal jusqu'aux carnavals folkloriques qui perdurent à l'époque moderne. Quelle fierté alors pour ces plantigrades ! Des légendes foisonnaient sur eux et les contes populaires circulaient à leur sujet, témoignant du rang qui était le leur dans les montagnes.

 

Après avoir été effacés de tous les autres paysages de France au cours de l'Histoire, les ancêtres de ce survivant disparurent des massifs pyrénéens. Et pour l'humilier, on le détrôna, lui substituant dans les fables le lion, un bestiau qui n'existait même pas en France !

 

Ramuntcho savait qu'en tuant son alter ego, c'était presque un frère des espaces sauvages qui s'évanouirait et avec lui, leur univers commun. L'homme y perdrait aussi sa couronne.

 

Certes, l'ours n'était pas très sympathique. Il se moquait souvent de ses victimes expiatoires, mais ne donnait-il pas vie par sa présence et surtout ses absences à leurs vies sans relief ? Dans la vallée, le tintamarre entre les éleveurs eux-mêmes menacés et les partisans d'une immigration slovène rendait le dénouement inévitable.

 

Le duel eut lieu sans que les deux champions le cherchassent. Ils se tuèrent mutuellement par hasard et dans la magie d'un instant d'égarement.  Dans les chaumières, on salua ouvertement la fin du dernier ours des Pyrénées. Les cocus, eux, se réjouirent aussi de la disparition de Ramuntcho, car celui-ci s'adonnait autant à l'amour où il mettait leurs femmes sur son bout qu'à la chasse où il mettait le gibier en joue.

 

Épilogue :

Depuis, certains disent regretter la mascotte du pays et dénoncent l'immigration incontrôlée d'une espèce étrangère d'ours de Slovénie !

 

*Merci André Dassary et Pierre Loti.

 

Modifié par Marc Hiver
  • Merci 1
Lien vers le commentaire
Partager sur d’autres sites

×
×
  • Créer...