Jeep 619 Posted August 1 Le début du monde est ma naissance et sa fin ma mort. J'aurais vécu un rêve éveillé, parenthèse dans une éternité d'inconscience. Le temps n'aura existé que le temps de ma vie. Hors de moi le temps n'existait pas et n'existera plus. L'espace et la matière n'auront été là que pour moi et la mémoire des temps passés une illusion pour me faire croire que ma vie s'inscrivait dans un avant et un après. La société des hommes n'est pas fondamentalement différente du troupeau de moutons, du banc de poissons, du vol d'étourneaux, du nuage de moucherons, de la colonie de bactéries. Elle aura fait partie de cet environnement miraculeux qui m'a accompagné, dont je n'ai eu connaissance que de façon limitée puisque mes sens ne percevaient qu'un spectre étroit des ondes électromagnétiques. J'aurais entrevu le vertige de l'infiniment grand et de l'infiniment petit pour me faire mieux ressentir le caractère relatif et fugace de la réalité que je pouvais appréhender pendant ce temps de rêve où j'avais une conscience temporaire de l'existence, qui fatalement disparaîtra avec moi puisque je ne pourrai plus l'observer. Ma conscience de l'univers est l'univers lui-même car il n'existe que parce que je le conçois. Il est voué à disparaître dès que je ne serai plus là et retournera avec moi dans le néant dont un caprice du hasard nous avait fait sortir l'un et l'autre. Je suis comme une particule surgie dans le champ de l'existence puis qui se désintègre pour retourner au vide dont elle était issue. Ma conscience était liée à la richesse des connections de mon cerveau, mais lorsqu'il sera mort elles seront détruites et ma conscience sera abolie, comme elle l'était avant que je naisse, et le monde qu'elle percevait sombrera dans le néant. Donc je n'ai aucune raison de redouter la mort puisque pour moi rien n'existera plus. Mais me direz-vous: et Dieu? et l'espérance dans l'au-delà? Je répondrai qu'un mouton, qui n'est après tout qu'un être un peu plus rudimentaire sur le plan cérébral qu'un être humain, n'a pas d'espérance et qu'on ne lui prête qu'un au-delà de côtelettes. Et pourtant en quoi sa vie ou celle d'un moucheron diffère-t-elle fondamentalement de la mienne? 1 Share this post Link to post Share on other sites
Joailes 3,043 Posted August 3 (edited) Le titre me fait songer que vous n'avez pas envie que l'on réponde à ces questions. Je ne m'y risquerai donc pas. Je trouve toujours amusant que les lecteurs répondent au fond plus qu'à la forme, la plupart du temps. Ainsi, au lieu de dire franchement "ton poème est nul" ou "ton poème m'a beaucoup plu pour telle ou telle raison" , je trouve amusant que l'on discute plutôt du thème ... Comme dirait un de nos amis de ce forum "je ne commente jamais un poème qui ne me plaît pas". Je trouve cela dommage. Je sais combien un commentaire constructif, humble, peut avoir de poids pour certains écrivains qui doutent plus que d'autres ... En conclusion, je dirai que votre écriture est intéressante et plaisante ; j'aime bien les monologues. Edited August 3 by Joailes 1 Share this post Link to post Share on other sites
Joailes 3,043 Posted August 3 Le 01/08/2019 à 03:24, Jeep a dit : Je répondrai qu'un mouton, qui n'est après tout qu'un être un peu plus rudimentaire sur le plan cérébral qu'un être humain, n'a pas d'espérance et qu'on ne lui prête qu'un au-delà de côtelettes. Share this post Link to post Share on other sites
Joailes 3,043 Posted August 3 juste cette phrase à revoir ou à m'expliquer !! Merci. Share this post Link to post Share on other sites
Evan 173 Posted August 3 Bien sûr, l'univers n'est qu'une invention de notre esprit et disparaitra totalement en même temps que nous ! 1 Share this post Link to post Share on other sites
Eathanor 2,266 Posted August 6 Au final, bien des questions mais aucune réponses. Le titre est bien vu 1 Share this post Link to post Share on other sites
Jeep 619 Posted August 12 Le 03/08/2019 à 21:54, Joailes a dit : juste cette phrase à revoir ou à m'expliquer !! Merci. Je voulais dire qu’un mouton a une physiologie proche de la nôtre, que son cerveau ne lui permet pas d’avoir une inquiétude existentielle, tout en partageant le même sort que nous. Share this post Link to post Share on other sites
Joailes 3,043 Posted August 12 Cher @Jeep j'ai compris le sens mais cette phrase " et qu'on ne lui prête qu'un au-delà de côtelettes." il me semble, à tort peut-être, qu'il manque un mot .? on ne lui prête qu'un quoi ? C'que j'ai la tête dure, hein ? Share this post Link to post Share on other sites
Filae77 416 Posted August 12 (edited) Le 01/08/2019 à 03:24, Jeep a dit : l'espérance dans l'au-delà? Bonjour @Joailes, avez-vous bien lu en amont ? (çà ne s' appelle pas avoir la tète dure ) ,je pense à la rigueur qu'il aurait fallu mettre au delà de côtelettes entre cotes ,(ce que le lecteur fera spontanément, sauf à se demander s'il a bien compris tout le reste du texte) donc il faut comprendre -> que l' au-delà sur lequel peut s' interroger un mouton ce qu' exprime Jeep dans sa réponse Je répondrai qu'un mouton, qui n'est après tout qu'un être un peu plus rudimentaire sur le plan cérébral qu'un être humain, n'a pas d'espérance et qu'on ne lui prête qu'un au-delà de côtelettes. Edited August 12 by Filae77 Share this post Link to post Share on other sites
Jeep 619 Posted August 12 Merci Filae de me comprendre! Quand je mange une côtelette d’agneau j’éprouve un sentiment de respect et de reconnaissance pour l’animal innocent qui a donné sa vie en toute ignorance de son destin pour finir dans mon assiette. 1 Share this post Link to post Share on other sites
Filae77 416 Posted August 12 @Jeep ,Merci à vous même qui par delà la qualité (notamment rigueur d' écriture) et la diversité de vos textes , faites toujours montre d' une dimension éthique et profondément humaine . quant à Joailes que j' apprécie beaucoup par ailleurs, elle s' apercevra qu' on était plus très loin du comique involontaire ,ce qui est un genre ,c' est vrai..... Share this post Link to post Share on other sites
Joailes 3,043 Posted August 12 je laisse tomber ! je voulais juste comprendre ce "qu'un" (on ne lui prête qu'un : qu'un quoi ? ... cerveau ? ) mais pour le reste, vous avez certainement raison et ce n'était pas là mon propos, j'ai compris le fond, mais pas la forme Ceci dit, vous savez, @Jeep que j'apprécie votre écriture ne serait-ce parce qu'à travers elle, je ressens votre sincérité. Quant à vous, @Filae77 je savais bien que des fois vous êtes ch... Share this post Link to post Share on other sites
Filae77 416 Posted August 12 Il y a 5 heures, Joailes a dit : et qu'on ne lui prête qu'un au-delà de côtelettes. @Joailes, vous voulez absolument qu' il y est quelque chose entre un et au-delà ? qu' est-ce que vous mettriez ? Share this post Link to post Share on other sites
Joailes 3,043 Posted August 12 Je vous l'avais dit que j'avais la tête dure, des fois je comprends vite mais il faut qu'on m'explique longtemps ... ça y est, j'ai compris ! En fait, en lisant, j'avais mis une virgule (imaginaire dans le texte) après "qu'un", ce qui donnait "on ne lui prête qu'un, au-delà des côtelettes." Je n'avais pas lu cette phrase correctement ! Pardonnez-moi donc. Share this post Link to post Share on other sites
Filae77 416 Posted August 12 Pas de problème , et vous n' avez pas a être pardonnée , n' étant coupable de rien. Je vous offre même cette petite strophe Et le vieillard s' émeut de son propre reflet image inattendue filant dans le ruisseau, furtive silhouette que les ans ont courbé fantôme d' une vie fuyant dans le cours d' eau. bien à vous Gérard Share this post Link to post Share on other sites
Marioutch 521 Posted August 12 Il y a 6 heures, Jeep a dit : Merci Filae de me comprendre! Quand je mange une côtelette d’agneau j’éprouve un sentiment de respect et de reconnaissance pour l’animal innocent qui a donné sa vie en toute ignorance de son destin pour finir dans mon assiette. Je ne suis pas sûre du tout qu’il ait été dans l’ignorance de son destin. Les animaux conduits à l’abattoir sentent qu’ils vont mourir. Share this post Link to post Share on other sites
Jeep 619 Posted August 12 il y a 37 minutes, Marioutch a dit : Je ne suis pas sûre du tout qu’il ait été dans l’ignorance de son destin. Les animaux conduits à l’abattoir sentent qu’ils vont mourir. Vous avez probablement raison, mais la peur instinctive de l’animal, que nous partageons, ne lui fait pas imaginer une possible survie de son âme! Share this post Link to post Share on other sites
Joailes 3,043 Posted August 12 Il y a 2 heures, Filae77 a dit : Et le vieillard s' émeut de son propre reflet image inattendue filant dans le ruisseau, furtive silhouette que les ans ont courbé fantôme d' une vie fuyant dans le cours d' eau. Merci mille fois ! Share this post Link to post Share on other sites